Le thermomètre économique de la Fondation Idea est formel : le Luxembourg a enclenché un «cycle expansionniste», notamment au niveau de l’emploi et de la croissance.
Avec son tableau de bord conçu comme un «thermomètre précis et réactif», la Fondation Idea prend chaque mois la température de l’activité économique et sociale du pays. Et alors que s’ouvre le second semestre de 2021, son équipe d’économistes annonce que la vingtaine d’indicateurs (industrie, mobilité, faillites, inflation, croissance, emploi, consommation, etc.) sont tous au vert. Voire plus que ça, puisque la situation, déjà très positive au printemps, s’est encore améliorée en mai et juin.
«Un nouveau cycle expansionniste se confirme», commente Vincent Hein, «notamment grâce à la levée des restrictions sanitaires et aux différents mécanismes de soutien rapidement mis en place par l’État pour compenser les pertes de revenus à la source.» Un élan commun à l’ensemble des secteurs qui estiment tous que leur activité récente est en hausse – ce qui n’était pas arrivé depuis fin 2018 – avec une amélioration des perspectives d’évolution de l’emploi, en particulier dans l’industrie (lire ci-contre).
Et les experts d’Idea ont des raisons de se montrer optimistes : alors que le Statec table sur une augmentation du PIB de 6 % et la Commission européenne de 4,8 % en 2021, «tous les indicateurs de notre tableau de bord laissent entrevoir un horizon encore plus favorable», révèle Narimène Dahmani. «Nous avons calculé que si le PIB trimestriel stagnait à son niveau du premier trimestre, la croissance annuelle en 2021 s’élèverait à 5,5 %.» Ce qui placerait le Grand-Duché au-dessus de la moyenne européenne. Cette reprise à vitesse grand V tient en partie à la structure de l’économie luxembourgeoise, fortement liée à la place financière, un secteur qui a vite rebondi après un creux au tout début de la crise.
Le défi de l’épargne des ménages
Alors qu’est-ce qui pourrait bien stopper cette relance? Plusieurs choses selon Narimène Dahmani, à commencer par une quatrième vague épidémique : «On assiste déjà à une recrudescence des infections partout en Europe à cause des variants, et au Luxembourg, la task force parle de 600 contaminations journalières à partir de septembre. Cette variable devra être intégrée aux futures analyses», prévient l’économiste.
Ensuite, une potentielle hausse des faillites (lire ci-contre) engendrée par des difficultés de trésorerie au sein de certaines entreprises trop fragiles pour faire face aux dépenses liées à la reprise de l’activité. Enfin, régulièrement évoqué, un retour de l’inflation pourrait aussi freiner cette nouvelle impulsion de l’économie : à ce jour, le Statec s’attend à une augmentation des prix de 2 % en 2021 et 1,6 % en 2022.
Des menaces et surtout un défi : faire en sorte que les 1,7 milliard d’euros supplémentaires épargnés par les ménages luxembourgeois durant cette crise soient bien réinjectés dans l’économie. «C’est un volume très impressionnant rapporté aux 2,4 milliards déboursés par l’État pour maintenir le pays à flot», souligne Vincent Hein, qui craint que ce phénomène contribue à faire grimper encore davantage les prix de l’immobilier.
Pour le moment, l’indice de confiance des consommateurs, à son plus haut niveau depuis janvier 2018, semble lui donner tort : les ménages se disent prêts à faire des achats importants à court terme et leur appréhension vis-à-vis du chômage a tendance à s’estomper.
Christelle Brucker