Le Luxembourg et la Belgique ont donné l’exemple, mardi, avec l’annonce d’un marché commun du gaz entre les deux pays. Ce marché Belux devrait permettre aux consommateurs d’accéder à une plus grande offre et, à terme, à de meilleurs prix. Une première historique et un premier pas vers un marché européen de l’énergie.
Le marché énergétique européen est encore loin d’être une réalité, mais c’est un premier pas qui a été franchi, mardi, avec l’annonce du mariage des marchés du gaz du Luxembourg et de la Belgique. Concrètement, depuis le 1er octobre dernier, les deux pays ne font plus qu’un en ce qui concerne le marché du gaz. Les droits d’entrée et de sortie sur les deux territoires sont donc abolis. Pour le consommateur, c’est donc la possibilité de pouvoir accéder à tous les fournisseurs de cette zone.
Le port de Zeebruges (ou Zeebrugge Trading Point – ZTP) devient le seul point d’entrée de ce nouveau marché Belux. Pour le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, ce rapprochement montre la voie vers un marché commun européen : « C’est le premier de son genre, une première étape vers un marché du gaz unifié. La présidence luxembourgeoise s’est engagée à promouvoir la mise en œuvre d’une Union énergétique, voire d’un marché intérieur de l’énergie. Les enjeux de l’Union de l’énergie comportent le besoin de modifier en profondeur le système énergétique européen permettant aux consommateurs de disposer d’une énergie durable et à des prix raisonnables. »
Pour Marie-Christine Marghem, la ministre belge de l’Énergie, présente mardi à Luxembourg, le marché Belux est le résultat d’une volonté politique des deux gouvernements : « La consommation de gaz va baisser jusqu’en 2030, mais devrait à nouveau remonter, et ce jusque 2050. Le gaz représente une source alternative pour le transport, quelque 2 500 véhicules circulent grâce au gaz naturel en Belgique aujourd’hui. Et puis le gaz, c’est aussi un moyen plus maîtrisable pour compléter les énergies renouvelables. »
Un rapprochement sans difficultés
Au vu de la taille des deux pays et de leur proximité géographique, le projet s’est réalisé sans trop de difficultés. On se demanderait presque pourquoi les Pays-Bas ou d’autres pays voisins ne se sont pas associés à ce marché commun gazier. Pour Pascal De Buck, directeur général de Fluxys (l’opérateur de gaz belge), l’ouverture doit se faire progressivement : « Nous sommes évidemment ouverts pour un agrandissement de ce marché gazier aux autres pays, mais cela aurait été compliqué de démarrer d’entrée avec plusieurs pays. Nous commençons donc avec le Belux pour montrer comment, concrètement, nous pouvons arriver à un marché commun en Europe .»
On n’assistera donc pas à une fusion des opérateurs, les Belges restent de leur côté avec Fluxys, et les Luxembourgeois avec Creos. Même chose pour les autorités de régulation des deux pays qui pour le moment vont continuer de veiller. Pour autant, il a fallu créer une entité commune pour l’application des règles et des tarifs d’équilibrage dans la zone intégrée Belgique-Luxembourg. C’est ainsi que Balansys a vu le jour, une petite entité qui n’a pas encore de vie propre, indique Claude Seywert, directeur général de Creos, mais dont le siège social est au Grand-Duché (« pas pour des raisons fiscales », a tenu à préciser Étienne Schneider) : « Malgré nos différences de taille, Fluxys nous a toujours pris pour un vrai partenaire. »
Audrey Somnard