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Nouveau record en 2023 pour Stellantis avec un bénéfice net de 18,6 milliards d’euros


(Photo : AFP)

Le géant automobile Stellantis a enregistré un nouveau bénéfice record en 2023 et compte sur son offensive électrique pour traverser une année 2024 qui s’annonce compliquée.

Les bonnes ventes en Europe à des prix rehaussés, notamment, lui ont permis de réaliser un bénéfice net de 18,6 milliards d’euros, en hausse de 11% sur un an, pour un chiffre d’affaires de 189,5 milliards d’euros, record lui aussi, avec une hausse de 6% sur un an.

Le marché automobile s’est globalement repris en 2023 après des années perturbées par des problèmes logistiques.

Stellantis, issu de la fusion en 2021 de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, en a profité mais pas autant que certains concurrents. S’il a vendu près de 6,4 millions de véhicules dans le monde (contre 6,1 millions lors de l’année 2022), ses parts de marché ont reculé en Europe et en Amérique du Nord.

Mais le prix moyen des véhicules vendus a progressé de 4% sur un an en moyenne, et le groupe a continué sa chasse aux coûts.

Parallèlement, l’effectif du groupe a fondu de 12% pour atteindre 242.000 salariés dans le monde, soit 30.000 salariés de moins en un an. La direction de Stellantis assure que la baisse des effectifs est de 5%, le reste étant lié à des « changements de périmètre ».

 « Troisième moteur »

Le groupe aux 14 marques a notamment vu ses ventes et ses marges progresser en Europe avec des modèles comme le Fiat Ducato, l’Opel Astra, ou les SUV Peugeot 2008, Jeep Avenger et Alfa Romeo Tonale.

En Amérique du Nord, où Stellantis enregistre l’essentiel de ses profits, l’année 2023 a été pénalisée par une longue grève des ouvriers, dont le groupe estime le manque à gagner à 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Le « troisième moteur » du groupe, soit ses ventes en Afrique, Moyen-Orient et Amérique du Sud, notamment, a également fortement contribué à ces chiffres record via les marques Fiat et Peugeot.

Ces bons résultats permettent au groupe de prévoir un programme de rachat d’actions de trois milliards d’euros cette année, et de redistribuer 1,9 milliard d’euros à ses 242.000 salariés à travers le monde. La direction du groupe a proposé en outre un dividende de 1,55 euro par action (+16% sur un an).

Les analystes du cabinet Oddo ont salué des résultats « légèrement meilleurs qu’annoncés », synonymes d’une « gestion très rigoureuse » dans un « environnement moins favorable qu’avant. L’année 2024 devrait représenter une « bonne opportunité » pour le groupe de « démontrer encore sa résilience », selon Oddo.

2024 compliquée

Le groupe s’attend en effet de nouvelles « turbulences » en 2024, dans un contexte géopolitique et économiques très incertain, avec des consommateurs qui hésitent à investir dans une voiture, des salaires en hausse, des problèmes de logistique, les élections américaines et européennes…

Ces élections pourraient notamment remettre en cause la vitesse de la transition vers la voiture électrique, et le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, se dit « à l’affût » d’une confirmation ou d’un ralentissement de la trajectoire des baisses d’émissions de CO2.

« Nous avons la capacité de faire face à ces éventuels changements avec nos plateformes multi-énergies », des châssis qui équipent voitures thermiques et électriques, « et à la lumière de ce qui va se passer, on décidera fin 2024 de nos investissements pour 2030 », a souligné M. Tavares lors d’une conférence de presse.

« La question du réchauffement climatique s’impose à nous, il se produit beaucoup plus vite que prévu. Je ne crois pas qu’on puisse envisager que l’opinion publique mondiale serait prête à ignorer ce réchauffement », a-t-il ajouté.

Pour que les ventes d’électriques poursuivent leur explosion, « il faut cependant aligner les étoiles », a estimé M. Tavares. « Il faut de l’énergie propre, un réseau de chargement dense et visible, des produits avec suffisamment d’autonomie, et vendus à des prix que les classes moyennes peuvent acheter ».

« 2024 est un tournant, c’est là que notre offensive électrique arrive sur le marché », notamment en Amérique du Nord, a lancé la directrice financière du groupe, Natalie Knight.

Le groupe commercialise déjà son économique Citroën C3 à batterie, et a présenté mercredi la petite Ypsilon électrique, qui doit relancer la marque Lancia.

Le lancement de dizaines de nouveaux modèles, l’amélioration des flux logistiques et la baisse du coût des matières premières devrait cependant favoriser le groupe, qui prévoit toujours d’atteindre une marge opérationnelle à deux chiffres cette année, comme en 2023 (12,8%).

Stellantis compte aussi poursuivre son offensive dans les ventes d’utilitaires, avec notamment le pickup Dodge Ram aux Etats-Unis, en diesel comme en électrique.