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Marché automobile : vers une baisse de 2 % en Europe


Cette perspective peu réjouissante n'a pas empêché les constructeurs de faire briller les carrosseries au salon de l'auto de Bruxelles qui a pris fin dimanche dernier (photo : AFP).

Le marché automobile européen devrait baisser de 2% en 2020, après six années consécutives de croissance, s’inquiètent les constructeurs qui en appellent mercredi aux pouvoirs publics pour faciliter la transition vers des transports « neutres en carbone ».

« Nous sommes sur le point d’affronter un marché en recul », a prévenu dans un communiqué Michael Manley, le directeur général de Fiat Chrysler (FCA) et président de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), qui regroupe 16 constructeurs actifs en Europe. Cette association « prévoit que les ventes de voitures particulières vont baisser de 2% en 2020 dans l’UE », soit « le premier recul en sept ans », selon ce document.

En 2019, le marché avait encore progressé de 1,2 % à 15,3 millions de véhicules. Ce retournement après des années fastes inquiète d’autant plus les groupes automobiles qu’il intervient au moment où ils doivent investir des milliards pour l’électrification de leurs gammes. Ils demandent aux dirigeants politiques de créer des conditions favorables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des véhicules tout en préservant la compétitivité du secteur.

Les constructeurs européens réclament la neutralité technologique 

« Au moment même où notre industrie augmente massivement ses investissements dans les véhicules à zéro émission, le marché devrait se contracter – pas seulement dans l’UE mais aussi au niveau mondial – c’est pourquoi la transition vers la neutralité carbone doit être très bien gérée par les pouvoirs publics », a déclaré Michael Manley. L’ACEA réclame notamment la « neutralité technologique », c’est-à-dire « qu’aucune technologie spécifique ne soit imposée et qu’on n’interdise pas des véhicules qui peuvent contribuer à réduire les émissions de CO2 ».

En clair, les constructeurs souhaitent éviter une marche forcée vers le véhicule 100% électrique. Ils se battent également contre une diabolisation des motorisations diesel, dont les émissions de CO2 restent inférieures à leurs équivalents essence. Leurs ventes sont en chute libre dans le sillage du scandale des moteurs truqués de Volkswagen qui a éclaté en 2015, mais elles représentent encore environ un tiers des volumes.

Pour favoriser la diffusion des véhicules électrifiés (100 % électriques ou hybrides rechargeables essence/électrique), les constructeurs demandent aux gouvernements « qu’un réseau dense de points de recharge soit déployé à travers l’Europe de façon urgente ». Jugeant encore élevés les prix des véhicules électrifiés, l’ACEA demande aussi « des politiques d’incitation » pour les automobilistes « afin de s’assurer que les prix plus élevés ne freinent pas le renouvellement du parc automobile« .

Réduction des émissions de CO2 : des objectifs jugés trop élevés

« La bonne nouvelle, c’est qu’un transport routier neutre en carbone est possible, et ensemble nous pouvons l’atteindre en 2050 », a estimé Michael Manley. « Mais cela veut dire aussi que beaucoup de choses doivent changer sur les prochaines décennies. »

Depuis le 1er janvier, les constructeurs automobiles sont contraints de respecter une limite moyenne d’émission de CO2 de 95 grammes par kilomètre sur leurs ventes de véhicules neufs en Europe, sous peine de lourdes amendes. Cette nouvelle règle, qui s’inscrit dans la lutte contre le réchauffement climatique, les a contraints à lancer de nombreux modèles électrifiés, plus onéreux.

Ils y voient un risque pour l’emploi en Europe alors que les technologies de batteries sont sous le contrôle de groupes asiatiques. Ils craignent aussi un marché plus faible et une chute de leurs marges. « C’est un défi énorme », car cela va les obliger à « réduire les émissions de CO2 de 20 % entre 2019 et 2020, alors qu’il ont mis 10 ans pour les réduire de 25 % », estiment les experts d’Euler Hermes.

Le défi sera même encore plus sévère à l’avenir. Une réduction supplémentaire de 37,5 % des émissions de CO2 s’appliquera à l’horizon 2030, avec un objectif intermédiaire de -15 % en 2025. Les constructeurs ont dénoncé à plusieurs reprises ces objectifs qu’ils jugent trop élevés.

LQ/AFP

Pendant ce temps, Tesla, lui, se porte comme un charme

Le constructeur de véhicules électriques américain Tesla a dépassé pour la première fois mercredi le seuil symbolique de 100 milliards de dollars de capitalisation boursière. L’action bondissait de 5,73 % à 578,33 dollars vers 16 h 37 (10 h 37 à Luxembourg) à Wall Street, ce qui équivalait à 104,2 milliards de valorisation boursière.

Tesla dépasse ainsi Volkswagen (environ 100 milliards de dollars) et vaut en Bourse plus que General Motors et Ford réunis (près de 87 milliards de dollars), qui produisent chacun 10 millions de véhicules en moyenne par an quand le groupe californien en fabrique à peine 500 000.

Le titre du constructeur automobile est en forte hausse depuis qu’il a publié un bénéfice surprise en octobre, a affirmé être en avance sur son calendrier de production en Chine et laissé entrevoir l’arrivée imminente de son quatrième modèle, le crossover Model Y.

Tesla, qui fabrique déjà le Model M, le Model X et le Model 3, a pris une avance nette dans les véhicules électriques, considérés, avec les voitures autonomes, comme l’avenir de l’automobile au moment où les politiques environnementales se sont durcies.

Le groupe est en train de construire son usine européenne, près de Berlin, qui lui permettrait de desservir l’Europe et de réduire ses coûts. À l’été, la capitalisation boursière n’était que de 32 milliards de dollars.