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L’OPEP accuse les autres producteurs de faire baisser le cours du pétrole


Les pays de l’OPEP rejettent la faute de la chute des cours de pétrole sur les autres pays producteurs, responsables selon eux d’une surproduction. Ils excluent toute baisse de production.

Ali Ibrahim Naimi

Pour le ministre émirati de l’Énergie la production irresponsable de certains producteurs a provoqué la chute des prix. (Photo : AFP)

Des monarchies pétrolières du Golfe ont accusé, hier, des pays non-membres de l’OPEP d’avoir provoqué, par un excès de production, l’effondrement des cours du brut, mais se disent confiantes que les prix vont rebondir.

Une des principales raisons (de la chute des prix) est la production irresponsable de certains producteurs hors de l’organisation (de l’OPEP), dont certains sont de nouveaux venus » sur le marché, a accusé le ministre émirati de l’Énergie, Suhail al-Mazrouei, à l’ouverture, à Abou Dhabi, d’un forum sur l’énergie. Il a prévenu que les pays producteurs allaient supporter, en raison de l’effondrement des cours, « un fardeau économique majeur », mais il a défendu comme « correcte » la décision de l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de maintenir inchangé son plafond de production.

Les cours de l’or noir ont perdu environ 50 % de leur valeur depuis la mi-juin, grevés par l’abondance de l’offre, le renforcement du dollar et la faiblesse de la demande dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale.

Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, dont le pays est le premier exportateur mondial de pétrole, s’en est pris lui aussi aux pays non-membres de l’OPEP. La chute des prix est due en partie à « un manque de coopération de la part des principaux producteurs hors OPEP, à des informations erronées et à la cupidité des spéculateurs », a-t-il martelé devant les participants. Il a ajouté que ces producteurs hors OPEP finiraient par « réaliser l’importance de la coopération pour assurer des nouveaux prix équitables ».

Le ministre saoudien a prédit que « les producteurs à coûts élevés ne vont pas continuer à augmenter leurs extractions », dans une claire allusion au pétrole de schiste et des sables bitumeux en Amérique du Nord.

Le ministre émirati a défendu la décision de l’OPEP fin novembre à Vienne de maintenir à 30 millions de barils par jour le plafond de production : « La décision de l’OPEP, destinée à donner du temps aux marchés pour se rééquilibrer, est correcte, stratégique et utile pour l’économie mondiale », a-t-il dit. Elle va « conduire à la stabilité des prix ». Ali al-Nouaïmi est aussi confiant dans un rebond des prix : « Je suis convaincu que les marchés pétroliers vont se reprendre et que les prix vont remonter. »

> Pas de « complot » saoudien

Le ministre qatarien de l’Énergie, Mohamed al-Sada, a aussi fait preuve d’optimisme en parlant d’«une correction temporaire» des cours du brut. Mais il a averti que les prix bas actuels pourraient « affaiblir l’investissement », limitant ainsi la capacité de production face à une croissance future de la demande. « La demande croissante sur l’énergie nécessite d’énormes investissements », a-t-il déclaré.

Les ministres saoudien et koweïtien du Pétrole ont indiqué que leurs pays ne réduiraient pas leur production même si les producteurs non-membres de l’OPEP diminueraient la leur. « Non, je pense qu’il est trop tard, a déclaré le premier. S’ils décident de réduire la production, ils seront les bienvenus. Nous n’allons pas réduire la nôtre. » Son homologue koweïtien Ali al-Omair a ajouté : « Je ne pense pas que nous avons besoin de réduire. Nous avions donné une chance aux autres et ils n’étaient pas disposés à le faire. »

Le ministre saoudien a par ailleurs rejeté des allégations sur « un complot » de son pays qui consisterait à pousser les prix vers le bas à des fins politiques contre « tel ou tel pays », soulignant que la politique pétrolière de son pays était « fondée sur des principes purement économiques ».

La Russie et l’Iran, membres de l’OPEP, dont les économies dépendent largement de leurs recettes pétrolières, ont évoqué un complot tendant à maintenir des prix bas sur les marchés pétroliers.

L’impact de la dégringolade des cours s’annonce sévère pour les six monarchies du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Qatar et Oman), qui pompent 17,5 millions de barils par jour. Elles devraient perdre la moitié de leurs pétrodollars, soit quelque 350 milliards de dollars par an, aux prix actuels.

AFP