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L’inflation repart à la hausse en décembre


Au Luxembourg, le taux d’inflation annuel est passé de 2,1 % en novembre à 3,2 % en décembre, selon les données d’Eurostat. (Photo : archives editpress)

Mauvaise nouvelle dans la zone euro : l’inflation a fait de la résistance en fin d’année. Le Luxembourg n’a pas été épargné.

L’inflation est repartie à la hausse en décembre dans la zone euro, interrompant une longue période de reflux et confortant la Banque centrale européenne (BCE) dans sa politique de taux d’intérêt élevés face à un fléau qui résiste. La hausse des prix à la consommation a atteint 2,9 % sur un an en décembre, après 2,4 % en novembre, en raison essentiellement des prix de l’énergie, a annoncé vendredi Eurostat. Au Luxembourg, le taux d’inflation annuel est passé de 2,1 % en novembre à 3,2 % en décembre, selon les données d’Eurostat.

Le chiffre au niveau de la zone euro est conforme aux prévisions des analystes interrogés par Bloomberg. Il marque un coup d’arrêt après des mois de baisse qui avaient permis à l’inflation de revenir en novembre à son plus bas niveau depuis juillet 2021.

L’indicateur est certes très loin du sommet de 10,6 % touché en octobre 2022 quand les effets de la guerre en Ukraine sur les prix du gaz et du pétrole se faisaient sentir à plein. Il s’écarte cependant de nouveau de l’objectif de 2 % fixé par la BCE, soulignant que la bataille menée par la banque centrale n’est pas terminée. Certes, le rebond de l’inflation est uniquement lié à un moindre reflux des prix de l’énergie en décembre. Ils ont reculé de 6,7 % par rapport au même mois de l’an passé, mais en novembre cette baisse avait atteint 11,5 %.

Des signes encourageants

La hausse des prix de l’alimentation (y compris alcool et tabac) s’est, elle, infléchie, à 6,1 % en décembre, après 6,9 % le mois précédent. Et le chiffre le plus scruté par les marchés financiers et la BCE, celui de l’inflation sous-jacente c’est-à-dire corrigée des prix très volatils de l’énergie et de l’alimentation, envoie un signal encourageant. Cet indicateur, jugé plus représentatif, a reculé en décembre à 3,4 %, après 3,6 % en novembre, en ligne avec les prévisions des analystes. Si la hausse des tarifs des services s’est maintenue à 4 % sur un an en décembre, celle des biens industriels a reculé à 2,5 %, soit 0,4 point de moins que le mois précédent.

Les données publiées vendredi montrent que la vie chère continue de peser sur les Européens, notamment sur les personnes les moins aisées, touchées de plein fouet par la flambée de la nourriture et des carburants. Mais elles ne modifient pas les prévisions des analystes qui tablent sur la poursuite du ralentissement des prix et une baisse des taux d’intérêt de la BCE au printemps.

«Une baisse des taux est improbable au premier trimestre»

Le rebond de l’inflation s’explique par une comparaison avec des prix de l’énergie qui avaient fortement baissé en décembre 2022 : un effet du passé qui devrait rapidement se dissiper. Ce rebond «nous rappelle qu’une baisse des taux est improbable au premier trimestre, mais ne doit pas dissiper les attentes de baisses plus tard dans l’année», estime Bert Colijn, économiste de la banque ING, qui table sur une première réduction en juin.

Selon Jack Allen-Reynolds de Capital Economics, l’accélération des prix en décembre «ne va pas modifier la position des dirigeants de la BCE quant aux perspectives de leur politique monétaire». Cet expert s’attend à une première baisse de taux «en avril ou autour d’avril», jugeant le rebond de l’inflation momentané. Elle «va rester sur une pente descendante» en 2024, assure-t-il.

La bataille contre l’inflation toujours en cours

Une des dirigeantes de la BCE, Isabel Schnabel, avait prévu fin décembre «une reprise temporaire de l’inflation à court terme». L’institution monétaire a averti à plusieurs reprises que la bataille contre l’inflation n’était pas terminée. En décembre, elle a maintenu ses taux inchangés, notamment le principal d’entre eux sur les dépôts qui campe à son plus haut historique de 4 %, après un resserrement d’une ampleur inédite. La BCE cherche à refroidir l’économie en limitant la demande de crédit et, par ricochet, celle de biens et de services afin de calmer les prix.

Son homologue américaine, la Réserve fédérale (Fed), a fait savoir mercredi que sa politique resterait «restrictive pour un certain temps», douchant les anticipations des investisseurs sur une baisse rapide et faisant plonger les marchés financiers.