La crise sanitaire semble avoir accéléré la progression des prix de l’immobilier, surtout en ce qui concerne les maisons.
Rester enfermé chez soi a peut-être eu des conséquences sur le marché de l’immobilier. « Les gens ont été obligés de rester chez eux au plus fort de la crise sanitaire puis en télétravail. Dès lors, ils ont très vite ressenti un besoin d’espace. Le cagibi est devenu soudainement trop petit, tout comme les rangements. Très vite, avoir un jardin, une terrasse ou un balcon est devenu un critère essentiel dans les recherches immobilières des futurs acquéreurs», ont souligné plusieurs professionnels du secteur de l’immobilier lors de la récente semaine nationale du Logement et de son salon dédié à l’habitat Home Expo. Un ressenti des professionnels qui semble se confirmer dans les chiffres.
Immotop, spécialiste de l’annonce immobilière au Grand-Duché, a constaté une forte hausse de plus plusieurs indicateurs laissant clairement voir une influence de la crise sanitaire sur le marché de l’immobilier. Premier indicateur, le nombre d’annonces. Au premier trimestre, Immotop a enregistré 1 994 annonces pour des maisons (neuves et anciennes). Un nombre qui est resté stable lors du deuxième trimestre – au moment du confinement – avant de connaître une progression de 39,3% au troisième trimestre pour afficher 2 692 annonces de maison. Même chose au niveau des appartements, avec une progression de 14,6% entre le premier et le troisième trimestre. « Il est fort probable que le retard sur la prise de décision des vendeurs ait engendré ce cumul de l’offre», souligne le spécialiste dans une étude dédiée au sujet.
Des critères de recherche différents
Autrement dit, les personnes avec un bien à vendre ont préféré attendre la fin du confinement. Une décision qui a également permis de faire augmenter le prix des biens immobiliers. Avec le confinement, les professionnels sont unanimes, les futurs acquéreurs ont revu leurs critères et leurs besoins. « Il ne faut pas croire que les gens se jettent sur les maisons sans regarder les prix. Par contre, ils prennent un peu plus en compte qu’en déplaçant la zone géographique de quelques kilomètres, entre 10 et 20 kilomètres, ils peuvent accéder à un bien avec un peu plus de verdure ou d’espace. Auparavant, les critères étaient la proximité avec Luxembourg-Ville et l’autoroute. Maintenant l’espace, le jardin et le balcon sont remontés en tête de liste», précise un agent immobilier de la capitale. Les prix aussi ont grimpé.
Toujours selon les chiffres d’Immotop, entre le 1er trimestre et le 3e trimestre, les prix du mètre carré pour un appartement ont augmenté de 9,5% alors que celui d’une maison a progressé de 15%. Aujourd’hui, une maison en vente s’affiche à 1 183 000 euros (prix médian) et à 769 000 euros (prix médian) pour un appartement sur le site du spécialiste de l’annonce immobilière.
Le sud-ouest du pays très demandé
À noter qu’il s’agit de prix affichés et que le prix de vente réel est peut-être légèrement inférieur, après négociation, au moment de la vente. Si de nombreux paramètres entrent en ligne de compte des prix de l’immobilier sur le marché luxembourgeois, celui de la demande reste évidemment essentiel. Ainsi, en moyenne, une annonce pour une maison génère 7 demandes de contact tandis qu’une annonce pour un appartement génère en moyenne 3 demandes de contact.
Du côté des zones géographiques les plus recherchées, le sud-ouest du pays concentre l’attention. La capitale reste la plus demandée, puis viennent Esch-sur-Alzette, Differdange, Bettembourg et Pétange. « Le Nord reste toujours autant délaissé, pourtant il y a de beaux projets immobiliers. L’est du pays est étrangement encore peu regardé par les acquéreurs, mais il faut dire qu’il y a aussi moins de biens disponibles sur le marché de ce côté-là du pays. Esch-sur-Alzette commence à ressusciter de l’intérêt, notamment du côté des acquéreurs qui ne sont pas luxembourgeois. Acheter, c’est aussi un investissement sur l’avenir. Il y a l’université à Belval et son centre commercial, le projet d’une liaison rapide avec Luxembourg devient un peu plus concret. Mais effectivement, le nombre de projets immobiliers dans le sud du pays fait également que c’est cette zone qui est scrutée avec attention», indique-t-on du côté de plusieurs professionnels du secteur contactés par nos soins.
Jeremy Zabatta
Des loyers stables
Sur le marché locatif, qui reste peu développé du fait que 70% de la population résidente soit propriétaire, les loyers sont restés stables sur l’ensemble de l’année. Le loyer médian annoncé pour une maison est de 2 850 euros et de 1 550 euros par appartement.
Au mètre carré, il faut compter 18 euros par mètre carré pour une maison et 28 euros du mètre carré pour un appartement, toujours selon les prix affichés sur les plateformes numériques d’Immotop.