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Les vins luxembourgeois ont leur AOP


Finie la fameuse «Marque nationale», dont le concept était devenu obsolète, et bienvenue à l'appellation d'origine protégée (AOP) Moselle luxembourgeoise (photo Jean-Claude Ernst)

Comme tous les 1ers mai, Vinsmoselle a ouvert vendredi dernier les portes de sa cave de Remerschen pour présenter l’ensemble de sa production 2014. Il s’agit du premier millésime de la toute nouvelle appellation d’origine protégée (AOP).

Le millésime 2014 sera le premier de l’appellation d’origine protégée (AOP) Moselle luxembourgeoise. Les vinificateurs de la coopérative expliquent ce qui a changé pour eux et pourquoi les amateurs ont tout à gagner avec cette appellation.

Plus rigolo qu’un défilé sous la pluie, le Proufdag («journée de dégustation» en français) est un incontournable du 1er mai. Cette année encore, il y avait une sacrée affluence et il est vite devenu compliqué de tenir la comptabilité des personnalités repérées un verre à la main. Ministres, ex-ministres, bourgmestres, députés, conseillers communaux… Incontestablement, l’évènement a ses fans! On aurait d’ailleurs tort de leur reprocher cette assiduité, les occasions de frotter ses papilles à tant de diversité ne sont pas légion.

D’autant plus que cette année, il va falloir s’y faire, la Moselle s’est payé un sacré lifting. Finie la fameuse «Marque nationale», dont le concept était devenu obsolète, et bienvenue à l’appellation d’origine protégée (AOP) Moselle luxembourgeoise, dont les critères semblent plaire autant à Bruxelles qu’aux producteurs. Pour une fois que c’est le cas, il ne faut pas manquer de le dire!

Ce nouveau classement a pour ambition de tirer vers le haut la production nationale en permettant une différenciation qualitative plus claire du vignoble. Le haut de la pyramide, par exemple, est constitué par les lieux-dits, composés de parcelles strictement délimitées par l’Institut viti-vinicole, et dont les rendements ne peuvent excéder 75 hectolitres par hectare.

«Le gros avantage de l’AOP, c’est qu’elle permet de mettre en valeur les meilleures parcelles, explique le directeur technique de Vinsmoselle, Bernd Karl. Les vins classés en lieux-dits offrent une lecture très claire de leurs terroirs.» Plus typiques et plus racés, ceux-ci sont voués à devenir les nouveaux étendards de chaque producteur. La coopérative, qui vinifie des vignes installées le long des 42 kilomètres de la Moselle luxembourgeoise, produit désormais «une cinquantaine de lieux-dits».

Des raisins tracés de la vigne au pressoir

Mais au fait, comment ont-été choisies ces parcelles? «Un terroir se définit par la qualité du sol, par son exposition, par son microclimat, par ses vignes et par le travail du vigneron, détaille Bernd Karl. Et les endroits où tous ces facteurs sont réunis, nous les connaissions déjà!»

Au départ, pourtant, la détermination des parcelles en grand premier cru – avec l’indication du lieu-dit ou non – et en simple AOP – les «côtes de» – doit être une initiative qui vient d’en bas. «Ce sont les vignerons qui proposent», confirme Charlène Muller, cheffe-caviste à Grevenmacher. Chaque saison, les viticulteurs remplissent une fiche dotée d’un code-barres par parcelle et note ce qu’il veut en faire.

Avant les vendanges, les vinificateurs s’arment de bonnes chaussures et arpentent toutes les vignes un GPS et les fameuses fiches à la main. «Nous contrôlons tout et nous remplissons une grille d’évaluation qui note l’état de la vigne et des raisins. En fonction du nombre de points obtenus, nous confirmons ou infirmons la proposition de classement proposée par le vigneron», explique-t-elle.

Cette méthode, qui offre une traçabilité implacable, est née avec l’arrivée de l’AOP. Elle impose un suivi extrêmement précis de chaque vigne, du début du cycle végétatif jusqu’au pressoir. Elle induit aussi plus de travail pour les vinificateurs, puisque davantage de parcelles sont isolées. Une évolution qui ne tracasse pas Bernd Karl : «Pour nous, c’est super! L’AOP permet de travailler avec plus de précision pour produire des vins toujours plus qualitatifs. Ce surcroît de travail, c’est une chance!»

Il ne reste donc plus au consommateur qu’à s’approprier à son tour cette classification. Pour l’aider à faire son choix, Vinsmoselle a opté pour un nouveau code couleur. Les étiquettes des grands premiers crus (dont les lieux-dits) sont ceintes d’un bandeau doré, les premiers crus sont verts et ceux qui ne portent plus que l’appellation Moselle luxembourgeoise sont bleus.

Erwan Nonet

Du 9 au 17 mai, les vignerons seront à Luxexpo

Pour la première fois hors de la Moselle, l’ensemble de la profession servira ses derniers vins en ville, du 9 au 17 mai au Kirchberg, lors de la foire de Printemps. L’écrasante majorité des producteurs sera présente, ce sera une bonne occasion pour faire ses choix !

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