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Les géants de l’énergie ont dépensé 1 milliard de dollars en lobbying


L'américain Exxonmobil est, lui, déjà accusé d'avoir trompé le public pendant des décennies quant au danger du réchauffement climatique. (illustration AFP)

Les cinq principaux groupes pétroliers et gaziers cotés en Bourse ont, depuis la COP21 fin 2015, dépensé un milliard de dollars en lobbying et relations publiques « contraires » aux conclusions de l’accord de Paris sur le climat, indique vendredi le rapport d’une ONG britannique.

ExxonMobil, Shell, Chevron, BP et Total, malgré leur soutien affiché à la maîtrise du réchauffement climatique, ont notamment dépensé quelque 200 millions par an en lobbying pur pour « étendre leurs opérations en matière d’énergies fossiles », selon InfluenceMap, chargée de suivre l’action d’influence des entreprises. « Le secteur des énergies fossiles a renforcé un programme assez stratégique visant à influencer l’agenda climatique, » selon le directeur de l’ONG qui évoque « un continuum d’actions », qu’il s’agisse d’attaquer voire contrôler les réglementations ou d’orienter les médias.

InfluenceMap a étudié les comptes, registres de lobbying et éléments de communications produits par ces groupes depuis 2015, relevant un vaste écart entre leurs engagements climat et leurs actes. Sont évoqués les contacts directs avec les législateurs et les élus, les millions dépensés dans « le marketing climat » et le rôle des associations professionnelles dans les négociations. Sur plus de 110 milliards de dollars d’investissement de capitaux prévu pour 2019, seuls 3,6 milliards concernent d’ailleurs des projets bas-carbone, souligne le rapport.

Dépenses majeures aux États-Unis

Cette publication intervient au lendemain d’une audition au Parlement européen du géant américain Exxonmobil, accusé d’avoir trompé le public pendant des décennies quant au danger du réchauffement climatique. Des eurodéputés ont demandé à ce qu’il soit privé de ses six badges d’accès au Parlement en tant que lobbyiste, Exxon n’ayant envoyé personne à l’audition. Selon InfluenceMap, ce groupe a à lui seul dépensé chaque année 56 millions en « marketing climat » et 41 millions en lobbying. A l’exception du français Total, les quatre compagnies étudiées ont passé l’essentiel de ce budget aux États-Unis.

Chevron et Shell ont rejeté ces conclusions. « Nous ne sommes pas d’accord avec cette affirmation selon laquelle Chevron serait engagé dans du marketing et du lobbying climat largement contraires à l’accord de Paris », a réagi un porte-parole. « Nous agissons face aux risques potentiels que représente le changement climatique pour notre activité et investissons dans des technologies et opportunités bas-carbone pouvant réduire les émissions de gaz à effet de serre », a-t-il ajouté. Même tonalité chez Shell qui selon le rapport dépenserait 49 millions de dollars par an en lobbying climatique. « Nous sommes très clairs quant à notre soutien à l’accord de Paris et nos démarches pour répondre aux besoins sociétaux en faveur d’une énergie plus propre », a assuré une porte-parole.

Les cinq groupes ont engrangé 55 milliards de dollars de bénéfices en 2018, année record d’émissions de gaz à effet de serre. Cette même année, les experts climats de l’ONU ont appelé à une réduction drastique du recours aux énergies fossiles, si le monde veut garder une petite chance de rester sous le seuil critique de +1,5°C de réchauffement.

LQ/AFP