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Les compagnies aériennes dopées par l’appétit pour les voyages


(Photo : AFP)

Bénéfices multipliés par six pour le groupe aérien britannique IAG, nombre de passagers qui s’envole pour la compagnie low-cost irlandaise Ryanair : les transporteurs profitent d’un appétit vorace pour les voyages toujours plus aiguisé après la pandémie de Covid-19.

IAG, maison mère de British Airways et Iberia, a ainsi annoncé jeudi que son bénéfice net part du groupe a été propulsé à 2,7 milliards d’euros en 2023. Le chiffre d’affaires du transporteur, également propriétaire de la compagnie à bas coûts espagnole Vueling et de l’irlandaise Aer Lingus, a progressé de près de 28% à 29,5 milliards d’euros.

En 2023, IAG a en outre « plus que doublé sa marge et ses bénéfices opérationnels par rapport à 2022 » et le groupe a « retrouvé une capacité proche des niveaux d’avant (la pandémie de) Covid-19 dans la plupart de ses principaux marchés », s’est félicité le directeur général Luis Gallego jeudi dans un communiqué.

Après des milliers de licenciements pendant la pandémie, le groupe a embauché 13 000 personnes l’an dernier, après déjà plus de 7 000 recrutements en 2022.

« Même si les voyages de loisir restent dynamiques, les voyages d’affaires reprennent plus lentement, en particulier sur les destinations court-courriers », tempère Richard Hunter, analyste chez interactive investor, notant aussi que le cours de l’action d’IAG est à la traîne par rapport à la concurrence.

Après avoir évolué en terrain positif, le titre d’IAG à la Bourse de Londres reculait ainsi de 1,47% à 150,55 pence jeudi peu après 15h. Sur les six derniers mois, il affiche une baisse de quelque 7%.

En comparaison, son concurrent Easyjet affiche une hausse de près de 30% en six mois à la Bourse de Londres, tandis que Ryanair a grimpé de 27% sur la même période à Dublin.

« L’année dernière, nous sommes passés de 165 à 184 millions de passagers, cette année nous prévoyons de passer à 200 millions de passagers: les gens dépensent de l’argent en voyages », s’est félicité le patron de Ryanair Michael O’Leary.

Voyages « en grand nombre »

« L’une des grandes leçons du Covid est que si vous enfermez les gens pendant deux ans, une fois que vous les avez libérés, ils retournent voyager, et le font en grand nombre à travers l’Europe », a ajouté O’Leary, qui dirige la première compagnie du continent en nombre de passagers transportés.

Le dirigeant déplore cependant une capacité limitée selon lui par les retards de livraison qui touchent Airbus comme Boeing – dont la compagnie est un gros client. « Nous avions espéré recevoir 57 avions cet été, il semble maintenant que ce chiffre pourrait tomber à 50, 45, voire 40 » appareils.

IAG avait renoué avec les bénéfices annuels dès 2022, porté par une forte reprise des voyages en avion après les restrictions pendant la pandémie, qui avaient durement touché le secteur aérien, en paralysant le trafic mondial pendant des mois.

Ryanair et EasyJet avaient suivi, affichant toutes deux un résultat positif lors de leurs exercices décalés achevés en 2023.

Malgré une crise du pouvoir d’achat, « les consommateurs continuent de donner la priorité aux voyages » et cela se traduit dans les résultats de l’ensemble du secteur aérien, y compris ceux du fabricant de moteurs d’avion Rolls-Royce (qui a renoué en 2023 avec les bénéfices), selon Sophie Lund-Yates, chez Hargreaves Lansdown.

Outre-Manche, Air France-KLM a lui aussi annoncé jeudi un bénéfice net et un chiffre d’affaires annuels sans précédent dans son histoire.

S’inscrivant dans le mouvement de consolidation en cours dans le transport aérien en Europe, IAG avait aussi annoncé en février 2023 l’acquisition d’Air Europa pour 500 millions d’euros auprès du groupe espagnol Globalia.

Mais Bruxelles a annoncé en janvier l’ouverture d’une « enquête approfondie » sur ce rachat, redoutant que l’opération ne réduise la concurrence sur plusieurs liaisons.

« Nous sommes sûrs que cette opération est avant tout très positive pour les clients », a défendu jeudi lors d’une conférence de presse le directeur général d’IAG, Luis Gallego, qui s’est dit « optimiste » quant à l’issue de cette opération.

« Nous considérons qu’avec les propositions que nous faisons à la Commission européenne, nous pouvons résoudre les problèmes dont ils nous disent s’inquiéter », a-t-il poursuivi.