La reprise alimentée par les espoirs d’intervention des banques centrales a fait long feu: les Bourses asiatiques sont reparties à la baisse mardi, Shanghaï en tête, déprimées par la chute de l’or noir et les inquiétudes sur l’état de santé de l’économie mondiale.
Les marchés avaient pourtant repris quelques couleurs après un début d’année baissier qui a vu se volatiliser des milliards de dollars de valorisation.
Inspirées par le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Dragui qui a fait miroiter jeudi de nouvelles mesures monétaires, les places financières mondiales avaient récupéré un peu de leurs pertes tandis que l’or noir repartait à la hausse.
L’optimisme avait également été alimenté par les espoirs que la banque centrale du Japon (Boj) fasse également un geste.
Mais les investisseurs sont vite revenus à la réalité, expliquent les analystes: le marché pétrolier est plombé par une offre bien trop excessive face à une demande poussive tandis que l’état de santé de l’économie chinoise continue d’avoir des effets sur l’économie globale.
«De toute évidence, les investisseurs sont en train d’évaluer des critères potentiellement délicats quant à l’état de l’économie mondiale», a dit John Carey, analyste chez Pioneer Investment Management, à l’agence Bloomberg News. «Il va peut-être falloir du temps pour sortir de cette période d’incertitudes».
Alors que Moscou ouvrait en baisse de plus de 3%, Shanghaï a dévissé de près de 6,5% et Shenzhen de plus de 7%.
La place chinoise de Shanghai, qui a déjà perdu plus de 17% depuis le début de l’année, a été plombée par des ventes massives dans un climat de panique générale, de nouvelles injections de liquidités par la banque centrale ne parvenant pas à apaiser les vives inquiétudes sur l’économie mondiale.
«Certains investisseurs n’ont plus aucune envie de se battre à contre-courant à l’approche des vacances du Nouvel an lunaire (début février), le marché est donc très vulnérable: dès que le repli des cours s’est accentué, les investisseurs paniqués se sont mis à vendre à tout rompre», a aussi expliqué Zhang Yanbing, analyste du courtier Zheshang.
Le pétrole rechute
Les places chinoises avaient piqué du nez dès l’ouverture, dans le sillage d’une rechute la veille des Bourses européennes et américaines, alors que la glissade persistante des cours du pétrole attise les inquiétudes sur la santé de l’économie mondiale.
Le Nikkei a clôturé en recul de 2,35%, Hong Kong perdait plus de 2% en cours de séance. Séoul a fini en baisse de 1,2%. Manille et Taipei ont également subi de fortes pertes tandis que Sydney était fermé pour cause de jour férié. Après les commentaires du patron de la BCE, les marchés devraient avoir l’œil rivé sur la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) mardi et mercredi, puis celle de la Boj vendredi.
Lors de sa dernière réunion, la Fed avait relevé les taux d’intérêt américains pour la première fois en près de 10 ans, estimant qu’il y avait des signes de reprise aux Etats-Unis comme dans le monde. Parallèlement, le pétrole continuait d’explorer les tréfonds, les contrats américain comme européen tombant sous le seuil de 30 dollars dans les échanges électroniques en Asie.
Le baril de «light sweet crude» (WTI), la référence américaine, cédait 3%, à 29,43 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord, la référence européenne, perdait 3,7%, à 29,36 dollars. «Ce déclin n’est guère surprenant compte tenu de la faiblesse persistante des fondamentaux», a commenté Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures à Singapour.
«Nous faisons face à un excès d’offre très important, et à une demande pas si impressionnante», a-t-il dit. «Il va être très difficile d’obtenir des cours plus élevés». Selon les analystes, le répit enregistré par les cours jeudi et vendredi (+15%) s’expliquait pas les espoirs des marchés de voir la tempête de neige qui menaçait alors les États-Unis faire grimper la demande du fuel de chauffage.
AFP/M.R.