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Les banques centrales « ont moins de munitions » pour affronter une crise


Mark Carney inquiet si une crise financière se présente. (Photo AFP)

A cause des taux bas, l’économie mondiale risque d’être à court de munitions en cas de crise financière sévère, avertit Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, dans une interview au Financial Times publiée dans son édition de mercredi.

« Les principales banques centrales disposent de beaucoup moins de munitions qu’elles n’en ont eues auparavant et mon opinion est que cette situation va persister un certain temps », a déclaré le patron de la Banque d’Angleterre (BoE). « S’il y a une crise profonde, (cela nécessitera) plus de relance qu’une récession classique, et il n’est pas évident que la politique monétaire aura suffisamment de marge de manœuvre », a-t-il ajouté alors que les plus grandes banques centrales du monde peinent à sortir de leurs politiques monétaires ultra-accommodantes, adoptées dans la foulée de la crise de 2008.

Un rôle à jouer pour les États  

Avec un taux d’intérêt directeur à 0,75%, relevé à deux reprises durant le mandat de Mark Carney qui s’achève à la mi-mars, la BoE dispose d’un peu plus de « munitions » que la BCE, mais moins que la Réserve fédérale américaine. Le taux directeur de la Banque centrale européenne se trouve actuellement à zéro et son taux de dépôt appliqué aux banques est même négatif. Les taux directeurs de la Fed se situent entre 1,50% et 1,75%. Tout en reconnaissant que « ce n’est pas le travail des banquiers centraux de s’occuper de la politique budgétaire », Mark Carney s’inscrit dans les pas des responsables de la BCE et notamment de sa nouvelle dirigeante Christine Lagarde, qui ont récemment incité les gouvernements à en faire plus pour stimuler la croissance.

La prise de parole du gouverneur de la Banque d’Angleterre intervient à quelques semaines de la fin de son mandat, prolongé à trois reprises pour faire face au désordre causé par le Brexit, et alors qu’il s’apprête à devenir envoyé spécial de l’ONU pour le climat. Son successeur Andrew Bailey, actuel patron de l’Autorité des marchés britanniques, se mesurera au défi de piloter la politique monétaire en pleine sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, et tandis que l’économie britannique et mondiale ralentissent.

AFP/LQ