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L’économie allemande échappe de peu à la récession


Conflits commerciaux, protectionnismes et recul de la croissance plombent l'économie allemande. (illustration AFP)

L’économie allemande a échappé de peu à une récession en fin d’année dernière, selon des chiffres publiés jeudi qui alimentent un peu plus les inquiétudes sur l’état de la première économie européenne.

Le Produit intérieur brut (PIB) de la première économie européenne a stagné au quatrième trimestre (+0%), après un recul de 0,2% au trimestre précédent, a indiqué l’Office fédéral de la statistique. Cette performance est inférieure à celle de +0,1% attendue par le consensus des analystes interrogés par Factset, mais elle permet à l’Allemagne d’échapper à une récession dite technique, signifiée par deux trimestres d’affilée en recul.

Au final, l’Allemagne « s’en tire avec un œil au beurre noir, encore plus noir », estime Carsten Brzeski, économiste de la banque ING. « Les indicateurs de confiance dans l’industrie allemande ont diminué jusqu’à présent à un rythme comparable à ce que nous avons vu lors des récessions précédentes. À cet égard, la nervosité est justifiée », renchérit Jörg Kraemer, chef économiste de Commerzbank.

La croissance allemande a sur l’ensemble de l’année nettement ralenti, avec une hausse de 1,4% du PIB sur un an – Destatis ayant révisé d’un dixième de point à la baisse sa précédente estimation de janvier (+1,5%) – après 2,2% en 2017.

Croissance plus faible que celle de la zone euro

Le pays, un des principaux exportateurs mondiaux, a souffert d’un climat international détérioré notamment par des conflits commerciaux et une recrudescence des tendances protectionnistes. Mais des problèmes propres à l’Allemagne s’y sont ajoutés : baisse de la production automobile dans la lignée de nouvelles normes anti-pollution et baisse du niveau du Rhin durant la sécheresse de l’été, qui a frappé le transport fluvial de marchandises.

Le ralentissement qui en a découlé en Allemagne est « encore plus marqué que celui de la zone euro », souligne Florian Hense, économiste de Berenberg. En données corrigées des variations saisonnières, la croissance a ralenti pour passer de 2,8% en glissement annuel à la fin de 2017 à 0,6% au quatrième trimestre de 2018, toujours selon Destatis. Ce qui « est nettement inférieur à la zone euro » qui a crû de 1,2% au dernier trimestre de 2018, sur un an. Lors du dernier trimestre de 2018, l’élan positif est venu de la demande interne, avec des investissements « nettement supérieurs à ceux du troisième trimestre de 2018, en particulier dans les bâtiments, mais aussi dans les équipements », note Destatis.

La consommation des ménages a aussi aidé, tandis que le solde des échanges commerce extérieur n’a, quant à lui, pas contribué à la croissance. Et les perspectives pour cette année sont encore plus réduites. Le ministère allemand vient de nettement revoir en baisse sa prévision de croissance pour 2019 : il ne table plus que sur 1% de hausse contre 1,8% à l’automne dernier. Berlin s’inquiète des effets de « l’environnement international » défavorable mêlant ralentissement généralisé, Brexit incertain, conflit commercial et concurrence fiscale des États-Unis.

LQ/AFP