Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Les résultats de l’enquête publique sur l’économie du Luxembourg en 2050 ont été présenté lundi 16 janvier par Franz Fayot. Plus de 600 réponses ont été récoltées.
Luxembourg Stratégie, en charge de la prospective stratégique, a travaillé sur trois scénarios pour imaginer le futur à long terme du Grand Duché. Ces travaux ont été compilés dans une étude de prospective visant à transformer l’économie du pays afin de la rendre plus compétitive, inclusive et résiliente à l’horizon 2050. Après sa présentation, une campagne a été lancée pour offrir la possibilité à tous les citoyens de donner leur avis à travers un questionnaire en ligne.
Lundi 16 janvier, un nouveau débat citoyen, organisé avec le ministre de l’Economie Franz Fayot, a révélé les résultats de cette enquête qui a recueilli plus de 600 réponses. 30 % des sondés pensent que l’économie luxembourgeoise serait aussi apte à gérer le scénario du «somnambule socio-économique» que celui de «l’optimisme techno-digital». En revanche, ils ne sont que 14 % à croire que le pays pourra gérer la «circularité bio-régionale» tandis que 25 % estime l’économie nationale ne pourra faire face à aucun d’entre eux.
Si le scénario «circularité bio-régionale» semble être le moins réaliste, il est aussi le plus plébiscité et apparaît comme étant le plus souhaitable pour l’économie luxembourgeoise. 71 % souhaitent en effet qu’il advienne d’ici 2050 (contre 19 % pour « l’optimisme techno-digital »), soulignant, par contraste, un rejet assez large du statu quo représenté par le «somnambule socio-économiste».
Des raisons d’espérer
Quand il s’agit d’évoquer les menaces qui pourraient peser sur l’économie nationale, c’est la paupérisation et l’effort d’adaptation face aux bouleversements environnementaux qui inquiètent le plus. Mais certaines de ces menaces figurent aussi parmi les opportunités (l’éducation, le changement de mode de vie ou l’investissement). Des craintes plus fondamentales ont également été mentionnées plusieurs fois comme celle l’insuffisance alimentaire ou l’obligation de devoir quitter le Luxembourg.
De nombreux sondés voient tout de même des raisons d’agir et de s’engager. A la question de savoir quels métiers sont les plus prometteurs pour l’avenir les activités en lien avec les technologies (aussi bien en informatique que dans l’artisanat) et la santé arrivent en tête.
Les résultats détaillés peuvent être consultés sur le site de Luxembourg Stratégie.
Scénario 1 : «Somnambule socio-économique»
C’est le scénario de la continuité et du statu quo : nous sommes en 2050, le Luxembourg compte 1,1 million d’habitants et attire toujours plus de salariés, avec toutes les conséquences sur l’augmentation du trafic et une pression accrue sur le logement. La digitalisation et les nouvelles technologies sont au service de l’économie qui vise la croissance quantitative (PIB +2 %/an). Les empreintes carbone, écologique et matérielle grimpent. La gouvernance est à court terme et le Luxembourg a conservé son modèle tripartite favorisant le compromis entre intérêt collectif et intérêt individuel.
Scénario 2 : «Circularité bio-régionale»
C’est le scénario de la responsabilité sociale et environnementale : le Luxembourg compte 770 000 habitants. La population et l’économie arrêtent de croître, ce qui détend le trafic et la pression sur le logement, les systèmes de santé et d’éducation, l’environnement et l’eau. Les niveaux de salaires, de pensions et de couverture sociale stagnent. La digitalisation et les technologies sont au service du vivant. La réindustrialisation circulaire et l’économie du partage en Grande Région visent une croissance qualitative mesurée par le PIB bien-être respectant les objectifs de développement durable et un réchauffement ne dépassant pas +2 °C. Le Luxembourg recourt largement à la démocratie participative au sein d’une UE resserrée, à plusieurs vitesses et leader mondial de la transition énergétique.
Scénario 3 : «Optimisme techno-digital»
C’est le scénario de l’innovation technologique sans changement comportemental : le Luxembourg compte 1,2 million d’habitants. Les marchés du logement et de l’emploi sont très précarisés. Le système éducatif est entièrement digitalisé. La poursuite de la croissance quantitative nationale (PIB +4,5 %/an) permet un relatif équilibre des caisses de pensions et de sécurité sociale, mais alimente aussi une concurrence mondiale effrénée pour l’accès aux ressources. Les nouvelles technologies sont au service de la grande électrification et de l’efficience. Le géo-engineering est utilisé pour lutter contre le changement climatique. La mondialisation est totale et le réchauffement dépasse +2 °C. Le monde est fortement polarisé sous l’influence de forces économiques, militaires et politiques.
Pour l’instant, je dirai qu’il y a des trois: Quand on voit la crispation de certains partis à accepter la moindre augmentation de taxes / le moindre reserrement de l’étau législatif, on est dans l’ensemble assez somnambule!