Le commissaire européen Pierre Moscovici a estimé vendredi que le budget italien, qui prévoit un déficit public de 2,4% du PIB sur les trois prochaines années, « paraît hors des clous » des règles européennes.
« C’est un budget qui aujourd’hui paraît hors des clous de nos règles qui sont communes », a déclaré le commissaire sur BFMTV et RMC, au lendemain de la décision du gouvernement italien de porter à 2,4% le déficit, contre 0,8% prévu par le précédent gouvernement de centre-gauche. Dans sa première réaction après la décision de la coalition populiste au pouvoir en Italie d’accroître le déficit, le commissaire aux Affaires économiques et financières, qui a qualifié « d’explosive » la dette publique italienne, a assuré que les règles de la zone euro « doivent être respectées ».
A environ 132% de son PIB, l’Italie affiche le ratio d’endettement le plus élevé de la zone euro après la Grèce. Pierre Moscovici, qui avait qualifié il y a dix jours l’Italie de « problème » de la zone euro, souhaite désormais discuter avec les autorités italiennes, notamment avec le ministre modéré des Finances, Giovanni Tria, qu’il rencontrera lundi. « Les sanctions sont théoriquement possibles car elles sont prévues par les traités. (Mais) je ne suis pas dans l’esprit des sanctions », a-t-il assuré, avant d’ajouter : « faire de la relance quand on a une dette très élevée, cela finit par se retourner contre ceux qui le font ».
Aucune commune mesure avec la France
Le commissaire européen a rejeté toute comparaison entre l’Italie et la France, dont le projet de budget pour 2019 prévoit un déficit pourtant supérieur à 2,8% du PIB, en hausse par rapport au 2,6% attendu cette année. « La dette de la France n’est pas à 132% », a-t-il observé.
Selon le dernier pointage rendu public vendredi, la dette publique française atteignait le ratio de 99% du PIB à la fin du deuxième trimestre. « Elle est soutenable, ce n’est pas un danger pour les finances publiques », a assuré Pierre Moscovici. « Il faut absolument la contrôler, la maîtriser, mais il faut retrouver le chemin de la réduction de la dette », a-t-il conseillé au gouvernement français.
Le déficit italien annoncé est très au-dessus de 0,8%, un chiffre sur lequel s’était engagé le précédent gouvernement de centre gauche alors que Bruxelles demandait à Rome de le maintenir au plus bas et de réduire sa dette publique, le ratio le plus élevé en zone euro après la Grèce.
LQ/AFP