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L’artisanat limite la casse au Luxembourg


Si le nombre d’entreprises et l’emploi ont miraculeusement augmenté , le dynamisme n’y est plus. Moins 21 % pour la création d’entreprises, moins 53 % pour les emplois, comme l’indique Tom Wirion, directeur de la Chambre des métiers. Photo : Julien Garroy

La Chambre des métiers présente des chiffres clés de l’année 2020 qui indiquent que le secteur a su résister. Très diversement selon les branches d’activité, en réalité.

L’artisanat a su résister à la crise sanitaire, véritable «stress test» pour les entreprises, selon Tom Oberweis, président de la Chambre des métiers. «L’esprit d’entreprise est plus fort que le coronavirus», se félicite-t-il au passage. Néanmoins, nombreuses sont celles qui ont laissé plus de plumes que d’autres dans le secteur de l’artisanat. L’événementiel, quasiment à l’arrêt depuis plus d’un an, n’a rien de comparable avec le secteur de la construction qui a su tirer son épingle du jeu en reprenant rapidement une activité après le premier confinement.

Le ministre des Classes moyennes, Lex Delles, sait que la crise a «inégalement frappé les entreprises», mais indique que les aides de l’État ont su apporter l’aide financière nécessaire pour garder la tête hors de l’eau. L’artisanat compte aujourd’hui 8 000 entreprises dont 253 ont été créées en 2020 et plus de 1 500 nouveaux emplois nets pour un total de près de 100 000 salariés.

Certes, le secteur a résisté, mais si le nombre d’entreprises et l’emploi ont miraculeusement augmenté par rapport à 2019, le dynamisme d’antan n’y est plus. Moins 21 % pour la création d’entreprises, moins 53 % pour les emplois. Et s’il est permis de se réjouir d’une casse limitée à moins 8 % du chiffre d’affaires global, l’artisanat dans ce registre a fait le grand écart :  80 % des entreprises artisanales se situent dans une fourchette de moins 35 % à plus 14 % de leur chiffre d’affaires.

Le ministre souligne que 85 % d’entre elles ont tenu le coup grâce aux aides étatiques, alors que 6 % seulement avaient les reins assez solides pour couvrir les frais courants. Les entreprises ont aussi puisé dans leurs réserves (43 %) ou ont eu recours à des prêts divers (32 %).

Le plus gros impact de la crise sanitaire s’est traduit par le fort taux d’absentéisme qu’ont entraîné isolements et mises en quarantaine des salariés puis seulement l’arrêt obligatoire de l’activité et enfin la perte de la clientèle préférant rester confinée. Le télétravail a également frappé les entreprises. Le manque de matériel est aussi une conséquence de la pandémie. Qui dit pénurie dit hausse des prix et l’artisanat a savouré. Acier, bois, matériau d’isolation, tout a augmenté. «Certains ont des stocks, d’autres pas du tout», précise Tom Wirion, le directeur de la Chambre des métiers.

Si le secteur de la construction a largement contribué à limiter les dégâts dans l’artisanat avec une hausse de l’emploi de 3 % et un recul du chiffre d’affaires de seulement 6 % en moyenne, les mesures sanitaires ont aussi conduit à des pertes d’efficience qui se sont ajoutées aux problèmes d’approvisionnement.

Une après-crise sans inégalité entre statuts

Parmi les entreprises les plus touchées figurent les branches de l’alimentation et de la «mode, santé et hygiène». La quasi-disparition du domaine événementiel a directement touché les métiers de traiteur, de boucher et de pâtissier-boulanger qui ont subi des pertes d’emplois de l’ordre de 5 % et une baisse du chiffre d’affaires de 16 % en moyenne.

L’enquête à laquelle ont pris part 45 % des entreprises révèle que 54 % des chefs d’entreprises estiment que les aides ont (très) bien permis de surmonter la crise en 2020. Un bilan positif qui réjouit le ministre des Classes moyennes d’autant que l’artisanat dans son ensemble a fait preuve d’une certaine résilience face à la crise.

Pour 2021, l’artisanat compte sur une hausse du chiffre d’affaires de l’ordre de 7 % mais, cela reste inférieur de 1% par rapport à 2019. Le gouvernement est invité à ne pas lâcher ses efforts pour soutenir le secteur. La Chambre des métiers propose «un phasing out» en douceur des mesures d’aides aux entreprises.

«Soutenir l’esprit entrepreneurial à travers l’ancrage en droit national du principe de seconde chance et une suppression des inégalités entre le statut de l’indépendant et celui du salarié devra être une priorité», indique entre autres la Chambre des métiers.

Geneviève Montaigu

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