La pandémie de Covid-19 pourrait compromettre les progrès réalisés par les femmes au cours des trois dernières décennies pour réduire leur écart économique avec les hommes, souligne la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, dans un billet de blog publié mardi.
Le choc économique provoqué par la crise sanitaire affecte davantage les femmes que les hommes, car elles occupent davantage les emplois des secteurs durement affectés, tels que les industries de services, la vente au détail, le tourisme ou l’hôtellerie. « Aux États-Unis, le chômage des femmes était supérieur de deux points de pourcentage à celui des hommes entre avril et juin 2020 », note Kristalina Georgieva, qui cosigne le billet avec trois autres responsables du Fonds monétaire international.
En raison de la nature de leur emploi, le télétravail n’est pas une option pour de nombreuses femmes (environ 54 % des femmes aux États-Unis et 67 % au Brésil). En outre, les femmes ont tendance à effectuer plus de travaux ménagers non rémunérés que les hommes, environ 2,7 heures par jour de plus, selon les données du FMI. « Elles assument l’essentiel des responsabilités familiales résultant des mesures de confinement telles que les fermetures d’écoles », poursuivent les responsables du Fonds.
Une fois les mesures levées, les femmes mettent plus de temps à retrouver un emploi à plein temps. Au Canada, un rapport sur l’emploi a montré en mai que l’emploi des femmes avait augmenté de 1,1 %, contre 2,4 % pour les hommes, en raison de la persistance des problèmes de garde d’enfants. De manière plus tragique, dans de nombreux pays en développement, les jeunes filles sont obligées d’abandonner l’école et de travailler pour compléter le revenu du ménage.
En Inde, depuis l’entrée en vigueur du confinement, les mariages organisés pour les jeunes filles ont augmenté de 30 %. « Sans éducation, ces filles souffrent d’une perte permanente de capital humain (…) perpétuant le cycle de la pauvreté chez les femmes », déplorent les auteurs. Pour autant, « des politiques bien conçues pour favoriser la reprise peuvent atténuer les effets négatifs de la crise sur les femmes et éviter de nouveaux revers pour l’égalité des sexes », écrivent-elles.
Et de citer des initiatives positives menées en Autriche, en Italie, au Portugal et en Slovénie, où un droit statutaire à un congé (partiellement) payé pour les parents ayant des enfants en dessous d’un certain âge a été instauré. La France avait, elle, étendu le congé maladie aux parents touchés par les fermetures d’écoles si aucune prise en charge ou aucun autre mode de travail n’avait pu être trouvé.
AFP/LQ