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La microfinance islamique est en pleine croissance


Mohammed Kroessin estime que le marché de la finance islamique attire particulièrement les consommateurs du monde musulman. (photo Isabella Finzi)

La microfinance islamique, jeune industrie financière en plein essor, était le thème mercredi du 37e Midi de la microfinance et de l’inclusion financière.

Invité par l’association ADA, Mohammed Kroessin, le chef de l’Unité mondiale de microfinance islamique de l’ONG Islamic Relief, était l’un des orateur de la conférence. Il a donné les principes de ce type de microfinance, mal connu du grand public.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la place financière luxembourgeoise est l’un des principaux centres de la finance islamique. Elle est aussi le plus important domicile européen de fonds d’investissement conformes à la charia, la loi canonique islamique qui régit la vie religieuse, politique, sociale et individuelle.

Et elle se trouve à la troisième place au niveau mondial derrière la Malaisie et l’Arabie saoudite, avec en 2014, 111  fonds de ce type pour un total de 3,4  milliards de dollars, indique l’ASBL Appui au développement autonome (ADA) citant l’étude «Global Islamic Asset Management Report 2014, Lipper/ThomsonReuters». L’association organise régulièrement les Midis de la microfinance et de l’inclusion financière.

Une autre vision de la finance

Lors de la dernière édition qui s’est tenue mercredi, elle a invité Mohammed Kroessin, le chef de l’Unité mondiale de microfinance islamique de l’ONG Islamic Relief, à s’exprimer sur ce qu’il appelle « un sous-secteur de la finance islamique ». C’est-à-dire, la microfinance islamique. Pour lui, il s’agit « vraiment de partager l’objectif de l’inclusion financière qui est de donner l’accès au crédit aux personnes qui n’ont pas de compte en banque». Mais selon les principes de la finance islamique, qui sont eux-mêmes basés sur les principes de l’islam. Il faut que le financement ait « en fait un objectif social clair », souligne-t-il. Ainsi qu’un « impact positif sur la société ».

L’argent, dans ce cas, n’est pas vraiment « un actif productif de revenu en soi ». L’autre principe de la finance islamique, d’après le chef de l’Unité mondiale de microfinance islamique d’Islamic Relief, est le fait que « cela doit être le partage du risque et que le résultat est le profit et les pertes ». Il estime que la finance islamique « a un idéal assez fort », qui est de créer « une alternative, une économie qui n’est pas basée sur les intérêts ». Car ces derniers sont « vraiment vus comme un élément » fondé sur l’exploitation d’autrui.

D’après lui, le marché de la finance islamique attire particulièrement les consommateurs du monde musulman. Il explique, en outre, que le phénomène de l’exclusion financière est très important dans le monde musulman, notamment en Afrique subsaharienne, mais aussi en Asie du Sud et centrale. L’accès au compte en banque y est « très faible » (entre 10  % et 20  % dans certains pays) et on y constate une « très grande demande pour cette sorte de produits qui se rapprochent des valeurs éthiques des gens ».

La microfinance islamique n’a que 20 ans, mais elle croît « de 10 à 15 % par an » et représente pour l’instant « près d’un milliard de dollars d’actifs sous gestion », précise-t-il.

Aude Forestier

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