La justice commerciale a donné lundi son feu vert au plan de sauvegarde du géant des maisons de retraite Orpea: le groupe devrait pouvoir, à partir de novembre, effacer une partie de sa dette et passer sous le contrôle d’un groupement d’actionnaires mené par la Caisse des Dépôts.
Le tribunal de commerce de Nanterre a rejeté l’ensemble des requêtes déposées par des créanciers et des actionnaires minoritaires et a donc validé le plan de l’actuelle direction de l’entreprise, selon la décision consultée.
Orpea devra toutefois attendre, avant d’appliquer son projet, que la cour d’appel de Paris ait validé, « au plus tard le 13 novembre », un dernier point de la procédure, à savoir l’autorisation donnée par l’Autorité des marchés financiers (AMF) de procéder à la restructuration sans passer par une offre publique d’achat (OPA).
La justice a validé ce point en première instance, mais des opposants ont fait appel. Une audience devant la cour d’appel est prévue le 5 octobre.
Le plan prévoit notamment la transformation de 3,8 milliards d’euros de dettes des créanciers non sécurisés en actions. La dette nette d’Orpea sera ainsi réduite de 60%.
A l’issue des opérations, le groupement mené par la Caisse des dépôts, bras financier de l’État, avec la Maif, CNP et MACSF (Mutuelle des professionnels de santé) devrait prendre 50,2% du capital par le biais d’une augmentation de capital de 1,55 milliard d’euros.
La décision rendue lundi constitue une « étape fondamentale » pour qu’Orpea retrouve l’équilibre financier et puisse ainsi se consacrer à ses « priorités », à savoir le « bien-être » de ses 76.000 salariés (dont 28.000 en France), ainsi que de ses résidents et patients, a commenté le directeur général Laurent Guillot.
« Je ne vois pas d’opposition entre profitabilité et qualité », a ajouté le dirigeant, pour qui l’important est d’abord de restaurer la qualité – « la rentabilité viendra ensuite ».
Plombé par une stratégie d’achats immobiliers massifs notamment à l’international, Orpea s’est retrouvé en grande difficulté financière dans le sillage de la publication du livre « les Fossoyeurs » en janvier 2022. Le journaliste Victor Castanet y révélait les malversations financières de l’ancienne direction et les mauvais traitements infligés aux résidents et aux salariés.
« La réputation de l’entreprise a été entachée, clairement », d’où « une baisse du taux d’occupation début 2022 », mais « nous allons tout faire pour que ça s’estompe et on commence à en voir les premiers résultats », a assuré M. Guillot, arrivé au sein d’Orpea après le scandale.
« Le moment venu », l’entreprise, parce qu’elle « a changé et est encore en train de changer », pourrait prendre un nouveau nom, peut-être au premier trimestre 2024, selon le directeur général.