Chine, Union européenne, Mexique, Canada, Japon et maintenant Turquie… La guerre commerciale lancée par l’administration Trump touche de plus en plus de pays et menace la croissance mondiale.
La seule escalade des sanctions entre Pékin et Washington pourrait amputer le PIB planétaire de 0,7% d’ici 2020, selon des estimations récentes du cabinet Oxford Economics. Oeil pour oeil, dent pour dent : chaque nouvelle taxe douanière imposée par les États-Unis est suivie par une riposte immédiate de Pékin. Depuis le 23 août et l’entrée en vigueur d’une nouvelle salve de taxes, 100 milliards de dollars de produits chinois et américains sont désormais soumis à des droits de douane spécifiques, 50 milliards de chaque côté.
Les machines à laver, panneaux solaires, acier, aluminium et désormais les composants électroniques et machines-outils en provenance de Chine sont frappés de taxes à l’importation de 25%. Pékin a ciblé à la même hauteur des produits emblématiques comme les Harley Davidson, le bourbon ou le jus d’orange, en plus du porc et soja. Les États-Unis ont menacé d’aller plus loin jusqu’à taxer 200 milliards de dollars de marchandises chinoises supplémentaires (poissons, pneus, papier et produits chimiques par exemple), à partir de septembre. Et Donald Trump s’est même dit prêt à taxer la totalité des importations venues de Chine (505 milliards de dollars en 2017, soit un déficit pour les Américains de 375 milliards sur les seules marchandises).
Mais cette bataille des droits de douane pourrait trouver ses limites : la Chine importe presque quatre fois moins qu’elle n’exporte vers les États-Unis, ce qui limite sa capacité de représailles. Des pourparlers ont repris entre les deux pays, le 22 août à Washington, une première depuis le mois de juin, pour tenter de mettre fin à l’escalade. Le président américain a accepté une trêve avec Bruxelles le 25 juillet. Les deux parties ont dit vouloir supprimer la quasi totalité des tarifs douaniers. L’Union européenne est depuis le 1er juin sous le coup de taxes douanières punitives américaines de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium. En guise de représailles, elle a relevé les droits de douane le 21 juin sur 2,8 milliards d’euros (3,2 milliards de dollars) de produits typiquement américains, dont les jeans, le bourbon, ou encore les Harley-Davidson.
Apaisement temporaire
Signe d’apaisement, l’administration Trump a reporté sine die le 21 août, la publication d’un rapport concernant d’éventuelles taxes supplémentaires à l’importation de voitures. De quoi soulager temporairement l’Allemagne grande exportatrice de voitures en Amérique du Nord. Le Canada, visé par les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, a aussi pris des mesures de représailles, à hauteur de 12,6 milliards de dollars, entrées en vigueur le 30 juin. Outre l’acier et l’aluminium américains, sont notamment visés le whisky, le ketchup, le jus d’orange, les bateaux à voile et à moteur ou encore les tondeuses à gazon.
De son côté, Mexico a imposé des taxes douanières équivalentes « sur divers produits » importés des États-Unis, dont certains aciers, des fruits et des fromages. Par ailleurs, les négociations entre Washington, Mexico et Ottawa pour moderniser l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), en vigueur depuis 1994, sont rudes. Mais les États-Unis et le Mexique ont évoqué un possible accord d’ici la fin août.
A la suite de son retrait de l’accord nucléaire iranien, Washington a rétabli le 6 août des sanctions à l’égard de Téhéran et de toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique. Les Américains ont donné à ces dernières une période de 90 à 180 jours pour se retirer d’Iran. Cette première salve de sanctions concerne l’automobile et l’aéronautique civile, ainsi que des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières.
Suivront le 4 novembre l’énergie et la finance. Washington se dit déterminé à réduire « à zéro » les exportations de brut iranien. Plusieurs pays ont réclamé des exemptions début juin afin de continuer à commercer avec Téhéran, en vain. Le groupe Total a par exemple annoncé s’être officiellement désengagé d’Iran, le 20 août. C’est la dernière cible de l’administration Trump.
LQ/AFP