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France : recherche infirmiers désespérément, dans le Sud aussi


(Photo d'illustration : AFP).

Recherche infirmiers et aides-soignants désespérément : submergés par la deuxième vague de Covid-19, les hôpitaux des villes moyennes comme Avignon, relativement épargnés au printemps, peinent à recruter dans des bassins d’emploi limités, au moment où leurs besoins de personnel formé « explosent ».

Quelque 15 000 recrutements pour l’hôpital public avaient été annoncés cet été dans le cadre du « Ségur de la santé ». Mais le déferlement de la seconde vague dès fin septembre sur tout le territoire a pris de court les établissements de province, à l’instar du centre hospitalier d’Avignon.

« On est face à une vague d’une toute autre ampleur, on ne passera jamais assez d’appels pour que le personnel qui pourrait être volontaire ou venir travailler chez nous fasse acte de candidature », déplore son directeur adjoint Simon Lefebvre.

Lors de la première vague, 87 malades atteints du Covid 19 avaient été soignés au sein de l' »hôpital de référence » des quelque 560 000 habitants du Vaucluse. Début novembre, ils étaient déjà plus de 210.

Certes, 70 personnes ont été embauchées en contrats courts depuis septembre, mais leur nombre est encore insuffisant pour la direction de l’hôpital qui espère pouvoir compter sur une « réserve » de soignants et ainsi « s’adapter au besoin au fur et à mesure de l’évolution de la situation », explique-t-elle sans donner de chiffres précis.

Mais problème, trouver du personnel qualifié pour prêter main forte aux équipes est devenu particulièrement compliqué pour l’hôpital, premier employeur du département avec ses 3.500 agents.

« Puzzle géant »

« Le personnel qualifié ne tombe pas du ciel. Le bassin d’emploi n’est pas infini et la formation prend du temps », constate M. Lefebvre.

« Les demandes explosent, on a énormément d’appels des différents établissements hospitaliers », confirme la salariée d’une agence d’intérim du Vaucluse, même si l’hôpital d’Avignon a choisi de limiter au maximum le recours aux intérimaires qui coûtent « beaucoup plus chers ».

En plus de la publication des offres d’emplois sur différents sites spécialisés, les professionnels ont dû faire appel à leur mémoire pour retrouver retraités de l’hôpital ou du secteur libéral.

Une recherche d’autant plus compliquée que si presque toutes les activités avaient été suspendues au printemps, permettant aux soignants libéraux et à d’autres professionnels de proposer leurs services, ce n’est plus le cas aujourd’hui, observe la directrice des soins, Karine Ronat.

« Il n’y a plus cet élan de solidarité et il y a une certaine lassitude, y compris des agents qui pouvaient revenir sur leurs temps de repos », souligne de son côté Christophe Del Rey, délégué syndical FO qui pointe les 13% d’absentéisme en octobre au sein de l’hôpital.

Vingt infirmiers et aides-soignants volontaires des hôpitaux privés du Vaucluse appartenant au groupe Elsan ont néanmoins été envoyés récemment en renfort dans les hôpitaux publics d’Avignon et d’Orange.

Faute de « lisibilité sur la fin de cette période de crise », la direction assure qu’elle fait tout pour maintenir des jours de repos et permettre au personnel de souffler, d’autant qu’avec l’approche des fêtes de Noël, le recrutement risque d’être de plus en plus compliqué encore.

« Il faut faire preuve d’endurance et d’agilité dans cette crise », résument les cadres de l’hôpital dont le travail s’apparente à « un puzzle géant ».

« C’est un jeu des chaises musicales, les personnes sans expérience sont déployées dans des services avec des professionnels aguerris qui sont parfois déplacés pour les encadrer », explique M. Lefebvre.

Les contrats signés vont jusqu’à décembre, selon la direction de l’hôpital qui précise qu’elle réajustera ses effectifs en fonction de l’évolution de l’épidémie: « Cela fait partie des difficultés, il nous faut gérer la part d’inconnu qui est devant nous ».

Si en Ile-de-France, « une amorce d’infléchissement » a pu être constatée par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, la situation sanitaire en Provence-Alpes-Côte-d’Azur a été qualifiée de « très préoccupante » lundi par l’ARS.

Pour la semaine du 2 au 8 novembre, le taux d’incidence (non consolidé) atteignait dans le Vaucluse près de 634 pour 100 000 habitants, contre un taux moyen en France de 430.

AFP