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Eurofoil Dudelange : pourquoi le torchon brûle


Malgré la pluie, les syndicats LCGB et OGBL ont protesté contre le souhait de la direction d'Eurofoil de dénoncer et renégocier la convention collective à la baisse (Photo : Alain Rischard).

Les syndicats sont très remontés après la dénonciation par la direction de la convention collective et sa volonté de réduire les avantages acquis par les salariés.

Après Guardian et sa volonté de se séparer de 44 % de ses effectifs, c’est au tour de la société Eurofoil, située elle aussi à Dudelange, de susciter la colère des syndicats.
La raison? La direction du spécialiste de l’aluminium a dénoncé la convention collective et souhaite en renégocier une nouvelle avec ses salariés et les syndicats OGBL et LCGB. Seul problème, les syndicats et la direction d’Eurofoil ne sont pas vraiment sur la même longueur d’onde.
Mardi, l’OGBL et le LCGB ont d’ailleurs protesté devant l’usine afin de bien faire comprendre leurs messages avant de s’entretenir quinze minutes avec la direction. «Je ne pense pas qu’ils ont vraiment compris le message. Ils ont joué la carte de l’étonnement et ils ont affirmé vouloir faire une nouvelle proposition», a indiqué Patrick Freichel, secrétaire central à l’OGBL. Le syndicaliste n’a d’ailleurs pas pris de gants lors de ce piquet de protestation en affirmant que cette dénonciation de la convention collective était une «déclaration de guerre».

Plus concrètement, selon les syndicats, la direction a dénoncé l’actuelle convention collective, puis a fait des propositions afin de signer un nouvel accord. Toujours selon les syndicats, «cette proposition est défavorable aux salariés par rapport à l’actuelle convention collective. Ce que propose la direction, c’est tout simplement le minimum légal. Par exemple, la direction souhaite réduire le nombre de jours de congé à 26. Pour certains, cela revient à perdre jusqu’à huit jours de congé», a pesté Patrick Freichel, qui juge les propositions de la direction «inacceptables et extrémistes».
Dans la liste des propositions, la direction propose, entre autres, de réduire les congés extralégaux et de doter les nouveaux arrivants d’un «package salarial» de base et revoit à la baisse la rémunération des jours fériés. «C’est aussi une question d’acquis sociaux et de solidarité. On ne peut pas réduire au minimum la convention collective pour les nouveaux pendant que les anciens profitent des avantages», a expliqué Patrick Freichel, qui n’est pas vraiment surpris par la situation. «Déjà lors des négociations de l’actuelle convention collective, la direction avait proposé un catalogue de revendications à la baisse.»

Les syndicats veulent un «demi-tour»

L’OGBL souhaite maintenir le dialogue social et repartir sur une bonne base. «On donne à Eurofoil la possibilité de revenir en arrière, on passe l’éponge, on se met à table et on négocie une convention collective sur la base de notre catalogue de revendications», a lancé le secrétaire central de l’OGBL lors du piquet de protestation, qui a profité de l’occasion pour demander une série d’améliorations. Pêle-mêle, le syndicaliste a revendiqué une augmentation des jours de congé et du salaire, une prime Covid-19 ou encore une revalorisation de la prime d’ancienneté respectivement de 50 euros brut par palier et de 100 euros brut pour les salariés ayant une ancienneté de 35 ans. Autrement dit, des revendications à l’opposé de celles de la direction d’Eurofoil.

Du côté du LCGB, on tient le même discours que l’OGBL tout en mettant le doigt sur la gestion désastreuse, selon le syndicat, de la direction qui explique pourquoi l’on en arrive à une telle situation. «Le LCGB dénonce ce comportement d’un management qui n’a aucun plan pour l’avenir de la société. C’est une conduite à vue et le capitaine est aveugle», a renchéri Marc Kirchen, secrétaire central au LCGB, présent au piquet de protestation. «La société Eurofoil se trouve dans une situation déficitaire pour l’exercice financier en cours, a lâché Marc Kirchen. Nous avons demandé à la direction lors d’une réunion le 3 septembre dernier quelle partie de ce déficit était due à la mauvaise gestion de la société, quelle partie était liée au coût des licenciements récents, quel était l’impact des investissements qui n’ont pas été réalisés au cours des années précédentes. Aucune de ces informations n’a été communiquée.»

Rejoignant les demandes des syndicalistes arborant les couleurs de l’OGBL, le LCGB souhaite lui aussi «un demi-tour immédiat de la direction, le maintien des acquis actuels, l’application des acquis existants et un dialogue interne digne de ce nom».
Après la dénonciation de la convention collective, la direction et les syndicats ont un an pour trouver une solution. Pour autant, ces derniers ne comptent pas attendre aussi longtemps pour faire pression sur la direction d’Eurofoil. Affaire à suivre.

Jeremy Zabatta