Le monde de la recherche a désormais un seul visage. Celui de Gabriel Crean, qui prend la tête du Luxembourg Institute of Science and Technology.
Il a été sélectionné parmi quatre candidats. Gabriel Crean a été retenu pour son « expérience au niveau international et ses connexions au niveau européen », a affirmé Marc Hansen, secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche. Professeur de microélectronique en Irlande, puis directeur du plus grand centre de recherche du pays, vice-président d’une université, Gabriel Crean a aussi été directeur scientifique du CEA Tech, le pôle recherche technologique du Commissariat à l’énergie atomique en France, qui regroupe 4 500 collaborateurs.
Et la tâche du premier PDG du LIST est immense. À la suite de la fusion des CRP intervenue le 1er janvier dernier, la recherche au Luxembourg a désormais un seul visage. Avec un emménagement prévu à la Maison de l’innovation de Belval dès le mois de septembre, le premier grand défi de Gabriel Crean sera d’implanter le LIST durablement sur le site et d’y regrouper tous les effectifs.
L’homme est bien conscient que sa nomination a suscité bien des attentes. Dans un très bon français, il revient sur les défis qui l’attendent : « Avec un contexte difficile de perte d’emplois au niveau européen, d’une concurrence accrue de l’Asie et des États-Unis, l’innovation doit être le moteur principal de la croissance économique : au niveau économique, de l’industrie, des TIC, mais aussi des défis sociétaux. Et le LIST va jouer un rôle très important. Il va falloir focaliser la recherche technologique sur les besoins des industriels à moyen et long terme. Nous voulons agir comme accélérateur, en collaboration avec l’université. L’industrie n’a pas besoin de publications scientifiques, il faut accélérer les choses. Pour que le temps entre la recherche et la livraison d’un produit à l’industrie soit le plus court possible. C’est un défi qui se fera en collaboration avec l’État et Luxinnovation. »
Une dotation de 39 millions d’euros par an
Du côté de l’État, Marc Hansen a rappelé que la dotation étatique s’élevait à 39 millions d’euros par an dans le cadre d’un plan quadriennal qui sera sujet à révision en 2016 ou 2017. Le secrétaire d’État a garanti le maintien du soutien financier de l’État, tout en reconnaissant qu’il sera difficile de le revoir à la hausse dans le cadre de « restrictions budgétaires ». Marc Hansen a rappelé que le LIST fonctionne avec le même budget qu’avant la fusion des CRP. Il faut donc faire mieux avec autant d’argent, la fusion devant aider à devenir plus efficace. Le tout pour Marc Hansen est d’assurer désormais que de l’argent public ne sera pas versé deux fois pour un même projet.
Sur ce point, Gabriel Crean s’est félicité de la fusion des centres de recherche : « Il est important de travailler à plusieurs, mais le Luxembourg est trop petit pour qu’il y ait une concurrence interne. Nous devons être un pont entre les publications scientifiques et les résultats industriels. Mais la taille du Luxembourg est aussi un avantage, car les choses devraient aller plus vite. Le Grand-Duché peut être un banc d’essai pour le reste de l’Europe en étant un leader dans le déploiement de technologies. » L’installation sur le site de Belval a été pour beaucoup dans la décision de Gabriel Crean d’accepter le poste : « Nous pouvons aller plus loin. Pourquoi pas un campus de l’innovation ? », s’est-il interrogé.
De notre journaliste Audrey Somnard