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Deezer veut rester parmi les grands du streaming avec un coup de pouce de l’Europe


Hans-Holger Albrecht, le directeur général de Deezer, pense qu'une aide de l'Europe est nécessaire pour évoluer (photo: AP)

Le pionnier français Deezer a su se hisser parmi les quatre grands mondiaux du streaming de musique, mais aimerait un coup de pouce de l’Europe pour se battre à armes égales contre les plates-formes américaines de lecture en continu, explique Hans-Holger Albrecht, son directeur général.

Comment se place Deezer dans la compétition mondiale de la musique numérique?

Deezer se développe bien, le marché du streaming grandit et en nous sommes l’une des principales forces. Nous allons parvenir à un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros cette année, avec plus de 12 millions d’utilisateurs actifs et plus de 6 millions payants.

Nous avons fait de gros progrès depuis deux ou trois ans et faisons partie des quatre grands du streaming avec Spotify, Apple et Amazon.

En France nous restons numéro un malgré une concurrence intense. Nous avons lancé notre partenariat avec la Fnac il y a quelques semaines et nous avons de bons chiffres en termes de gains d’abonnés.

Vous êtes le président de Digital Music Europe, un nouveau lobby du streaming européen lancé cette semaine, quel est votre message principal à destination des autorités européennes?

L’Europe devrait être fière d’avoir créé quelque chose d’unique avec le streaming. L’Europe est leader en ce qui concerne la musique numérique (avec le suédois Spotify ou l’allemand Soundcloud NDLR), nous avons l’opportunité d’être compétitifs, de ne pas toujours être derrière la Silicon Valley ou la Chine.

Maintenant, il est important de voir comment l’Europe va se positionner face aux Américains, aux géants de l’internet (…) au moment où il y a une consolidation autour des principaux acteurs. Cela devrait être une priorité sur l’agenda européen.

Il faut faire en sorte que la concurrence soit équitable dans la musique, parce que c’est difficile quand on est face à un acteur qui vend aussi des téléphones mobiles et qui prend une commission dans l’Apple Store. Il faut que les décideurs politiques fassent en sorte que la concurrence soit équitable au niveau des régulations et de la fiscalité.

L’accès aux plates-formes est aussi une question que l’on va soulever: si quelqu’un demande à Alexa de lui mettre « Abba », est-ce que ça va passer par Amazon Music, ou est-ce qu’il y aura un choix?

Les assistants vocaux comme Siri de Google ou Alexa pour Amazon, ouvrent une nouvelle ère, pas seulement pour la musique. Ils contrôlent l’accès du consommateur à l’internet. Le consommateur apprécie, c’est bien, mais il faut que le jeu soit « fair play » et ouvert.

Quand Deezer pense-t-il devenir rentable?

Si on enlevait les coûts marketing, Deezer serait rentable aujourd’hui. Mais nous avons décidé d’investir et de capturer une bonne part de marché. Cela viendra dans deux ou trois ans, il n’y a pas d’urgence.

Nous avons connu une croissance annuelle de 25% à 35%, le marché est encore très jeune. Dans la plupart des pays, moins de 10% du public utilise le streaming, en France c’est 7%. Donc nous allons continuer à croître.

Quand j’ai pris mes fonctions chez Deezer, il y a deux ans et demi, la majorité des gens étaient sceptiques sur les perspectives l’industrie du streaming. Ils n’y croyaient pas. Le sentiment a complètement changé.

Le Quotidien/ AFP