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Croissance, chômage et évasion fiscale : l’économie italienne sourit


Le Premier Ministre italien, Matteo Renzi, voudrait que la Commission européenne accepte des flexibilités budgétaires (Photo AFP).

Entre réduction de l’évasion fiscale, chômage stable et croissance à 0,8%, l’Italie remonte la pente après la crise. Mais ce n’est pas suffisant pour la Commission européenne, qui refuse pour le moment tout flexibilité budgétaire.

Le fisc italien a annoncé, mardi, avoir encaissé en 2015 14,9 milliards d’euros récupérés de l’évasion fiscale, un nouveau record après les 14,2 milliards collectés en 2014. « Les contrôles du fisc ont permis de ramener dans les caisses de l’Etat 14,9 milliards d’euros en 2015 », s’est réjouie l’agence des rentrées fiscales, en soulignant que cela représente une augmentation de 240% par rapport à il y a dix ans.

L’agence a lancé l’année dernière une nouvelle stratégie : les lettres de mise en conformité. Envoyées en 2015 à environ 305 000 citoyens, ces courriers en ont convaincu plus de 156 000 de « remédier à une erreur ou à un oubli rapidement, avec des sanctions réduites, versant spontanément environ 250 millions d’euros », a expliqué l’agence. Celle-ci s’est engagée à continuer en 2016 à oeuvrer pour « plus de collaboration ». Il y a de la marge : fin 2015, le gouvernement italien avait évalué la perte annuelle liée à l’évasion fiscale à 90 milliards d’euros.

Et une étude en décembre de Confindustria, la principale confédération syndicale du patronat italien, avait même évalué cette perte à 122 milliards d’euros en 2015, soit environ 7,5% du Produit intérieur brut (PIB). Le non-paiement de la TVA représente 40 milliards d’euros et celui des cotisations sociales 34,4 milliards, selon cette étude, qui avait dénoncé l’insuffisance d’une administration fiscale cherchant plus « à faire rentrer de l’argent qu’à empêcher » l’évasion.

Chômage des jeunes encore en hausse

En parallèle, l’Italie a enregistré en 2015 une croissance de 0,8%, après trois années de récession, et vu son déficit public reculer à 2,6% du PIB, son plus bas niveau depuis 2007, a indiqué mardi l’Institut national des statistiques (Istat). En outre, le chômage est resté stable en janvier à 11,5%, selon des chiffres provisoires également publiés mardi par l’Istat.

Celui des 15-24 ans est en revanche reparti à la hausse (+0,7 point sur un mois), atteignant 39,3%, largement au-dessus des 22% de moyenne de la zone euro. Sur un mois, le nombre de personnes actives a augmenté de 0,3% (+70.000 actifs). « Au niveau économique, la situation internationale n’est pas facile, les marchés font le yoyo, la crise a laissé des traces terribles: nous savons qu’il reste encore beaucoup à faire, à commencer par le chômage des jeunes et la lutte pour les investissements, surtout dans le sud », a souligné le chef du gouvernement, Matteo Renzi, sur Facebook.

Mais « les chiffres démontrent que l’Italie revient », a-t-il insisté. L’an dernier, le Produit intérieur brut italien a progressé de 0,8%, selon les données définitives de l’Istat. Sa précédente estimation, le 12 février, faisait état d’une croissance de 0,7%. L’Italie confirme ainsi sa reprise après trois années de récession: 2014 et 2013 s’étaient achevées sur un recul respectif de 0,4% et de 1,9% du PIB. A la mi-janvier, la Banque centrale d’Italie avait indiqué tabler sur une hausse de 0,8% du PIB en 2015, puis de 1,5% en 2016 et 2017, en ligne avec les estimations du gouvernement.

Un budget à l’équilibre pour 2018

Concernant la reprise, elle avait néanmoins souligné que les risques restaient « significatifs », en particulier en raison du « contexte international » et des inquiétudes pour la santé des économies émergentes, Chine en tête. L’Istat a indiqué mardi que le déficit public s’était établi l’an dernier à 2,6% du PIB, contre 3% en 2014. L’Italie réclame auprès de la Commission européenne de bénéficier de nouvelles mesures de flexibilité budgétaire pour prendre en compte le coût de l’accueil des migrants.

Mais certains de ses partenaires européens, dont l’Allemagne, jugent que Rome a déjà largement bénéficié de cette flexibilité l’an dernier. Ce sujet a provoqué de vives tensions entre M. Renzi et la Commission européenne, en particulier son président, Jean-Claude Juncker, même si les deux hommes ont fait assaut d’amabilités lors d’une visite du Luxembourgeois vendredi à Rome.

Alors que la Commission juge que le projet de budget italien risque de faire dérailler le processus de désendettement, M. Renzi a souligné qu’un déficit à 2,4% du PIB serait « le plus faible déficit des 10 dernières années » et a réaffirmé son engagement à faire baisser la dette publique dès cette année. L’Italie promet d’ailleurs que son budget sera à l’équilibre en 2018.

Le Quotidien/AFP

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