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Congés supplémentaires, hausse du SSM : « Cela va créer la zizanie dans les entreprises ! »


L'introduction de deux jours de congés supplémentaires aura un coût d'environ cinq millions d'euros pour le secteur, tout comme la hausse du salaire minimum, selon Francois Koepp. (Photo Lisa Folschette)

Démarches administratives trop lourdes, impact négatif des deux jours de congé supplémentaires et difficultés à recruter dans le secteur : François Koepp, le secrétaire général de la Fédération nationale des hôteliers, restaurateurs et cafetiers (Horesca), tire la sonnette d’alarme.

L’Horesca a récemment tenu son assemblée générale. Quels en ont été les points saillants ?

Nous avons tout d’abord évoqué les tâches administratives qui incombent aux petites entreprises. Je suis d’avis que les politiciens vont un peu trop loin. Tout ce qui incombe au secteur de l’Horeca en matière de réglementation – les plans de dératisation, de nettoyage, de prise de température… – devient de plus en plus compliqué pour un restaurateur. Il passe plus de temps à remplir des papiers, à contrôler des températures, des dates de péremption…

Je comprends qu’il faille respecter la chaîne du froid, mais il ne faut pas exagérer ! Il y a de plus en plus de manipulations qui sont exigées et cela n’a aucun sens. Très peu d’entreprises peuvent se permettre cela. Et sur ce point, je ne parle que des contrôles, car il y a aussi toutes les fiches à remplir, que ce soit pour les allergènes, les dératisations, le nettoyage… alors que ce sont des choses tout à fait normales et banales.

Vous estimez que la digitalisation peut être nécessaire dans le secteur de l’Horeca, mais pas pour toutes les tâches ?

Exactement. Il faut qu’il y ait un sens à vouloir digitaliser. On peut par exemple utiliser le digital dans les méthodes de cuisson, mais il y aura toujours un être humain qui devra être présent pour confectionner les plats. On n’a pas encore trouvé le chef cuisinier parfait digitalisé ! De plus, le client, lui, est toujours en contact humain avec le serveur.

La Chambre des députés vient de voter deux jours de congé supplémentaires. Quel impact cela aura-t-il sur l’Horeca ?

Cela aura un coût d’environ cinq millions d’euros pour le secteur et je rappelle que nous n’étions pas en faveur de leur introduction par le gouvernement.

Comment arrivez-vous à ce chiffre ?

J’ai simplement estimé les coûts salariaux. Nous avons 21 000 salariés dans le secteur, en multipliant ce chiffre par 8 (heures prestées), cela revient à 168 000 heures. Une heure de travail a un coût et en se basant sur un salaire moyen et non sur le salaire social minimum, l’heure de travail coûte, au Luxembourg, entre 18 et 22 euros.

Si je prends ce coût de 22 euros – en brut – et que je le multiplie par 168 000 (heures), cela donne près de 3,7 millions d’euros. En admettant qu’une partie du secteur travaillera, à savoir au maximum 40% de tous les salariés de l’Horeca, le coût pour le secteur s’élève à environ cinq millions d’euros. Il s’agit là d’une estimation grossière.

Et quelle est votre position par rapport à la hausse du salaire social minimum (SSM), à hauteur de 100 euros net ?

En moyenne, cela représente également un coût supplémentaire de cinq millions d’euros. Donc, si je résume, les entreprises du secteur devront espérer davantage de consommateurs, augmenter leur chiffre d’affaires ou alors augmenter leurs prix… Cette hausse du SSM a donc une répercussion sur les prix ! La loi dit que l’État mettra 70 euros sur la table et le patron les 30 euros restants, mais il y a aussi les charges salariales, sociales… Notre fédération est absolument en faveur des mesures sociales, mais avec celle-ci on se retrouve dans le pétrin. Cela va créer la zizanie dans les entreprises !

Entretien avec Claude Damiani

A retrouver en intégralité dans Le Quotidien papier du 1er avril