De nouveaux contrôles douaniers post-Brexit doivent entrer en vigueur aujourd’hui pour de nombreux produits frais et périssables arrivant au Royaume-Uni en provenance de l’UE.
Depuis janvier, des certificats sanitaires et phytosanitaires sont obligatoires, notamment pour certains produits d’origine animale ou végétale de «risque moyen» : certains fromages, beurres ou crèmes, les saucisses, le jambon ou la charcuterie, mais aussi certaines fleurs coupées ou graines. Aujourd’hui, des contrôles physiques entreront en vigueur sur ces produits et seront renforcés sur des marchandises classées «à haut risque» (comme des plantes destinées à être placées en terre).
Depuis l’entrée en vigueur effective du Brexit en janvier 2021, l’Union européenne a déjà mis en place des contrôles renforcés pour les marchandises en provenance du Royaume-Uni. Mais Londres avait reporté à cinq reprises ces formalités. Des informations de presse avaient laissé entendre ces dernières semaines que les contrôles pourraient de facto ne pas avoir lieu pour éviter les perturbations à la frontière, ce qui s’apparenterait à un nouveau report tacite. L’exécutif a cependant assuré qu’ils auront bien lieu dès le premier jour, mais qu’ils «monteront en puissance» progressivement, «jusqu’à atteindre des niveaux de contrôle complets», sans toutefois détailler le calendrier.
L’objectif à terme est d’inspecter chaque cargaison de produits à «haut risque» et jusqu’à 30 % pour les marchandises classées en «risque moyen». Plusieurs organisations professionnelles ont dit s’attendre à des niveaux très bas de contrôles, très ciblés, dans un premier temps.
Nouveau forfait additionnel
L’entrée en vigueur de ces contrôles s’accompagne de la mise en place d’un forfait payé par les entreprises importatrices, limité à 145 livres (169 euros) par envoi pour les cargaisons qui débarquent à Douvres ou prennent l’Eurotunnel. Le forfait s’ajoutera aux coûts déjà supportés par les entreprises depuis janvier pour les certificats sanitaires et phytosanitaires. En tout, cela représente une surcharge de quelque 300 livres par envoi, explique William Bain, responsable de la politique commerciale pour les Chambres de commerce britanniques (BCC). Le gouvernement a précédemment reconnu que ces changements pourraient se traduire par des coûts supplémentaires de 330 millions de livres (385 millions d’euros) par an sur les importations depuis l’UE.
Les principales inquiétudes «résident dans l’effet que cela aura sur le prix des denrées alimentaires et sur la charge administrative supplémentaire» pour les entreprises, souligne l’association sectorielle des transformateurs de viande britanniques (BMPA). Vu les frais forfaitaires, ce sont les petites entreprises qui souffriront le plus : «le magasin du coin, l’épicerie fine, le restaurant, le café…», prévient William Bain.
Inquiétudes pour les chaînes d’approvisionnement
Malgré l’entrée en vigueur progressive des contrôles, certains secteurs s’inquiètent de perturbations des chaînes d’approvisionnement. «Nous pensons que (les contrôles) pourraient poser des problèmes importants au début» en raison d’un manque de préparation, s’inquiète la Cold Chain Federation, qui représente les acteurs de la chaîne du froid et évoque notamment de possibles pénuries. Les professionnels de l’horticulture redoutent de voir leurs plantes et fleurs abîmées pendant leur passage dans les centres de contrôle. À terme, selon William Bain, les coûts pourraient aussi conduire les entreprises à changer leurs habitudes, par exemple en important en plus grandes quantités en une fois, ce qui pourrait se répercuter sur la fraîcheur de certaines marchandises ou la variété en rayon.
Les voyageurs, notamment les touristes, qui traversent la manche depuis l’UE et transportent dans leurs bagages du fromage français ou du saucisson italien ne sont pas concernés par les nouvelles mesures. Les règles précédentes continuent de s’appliquer et les produits laitiers, le poisson ou la majorité des produits à base de viande peuvent entrer au Royaume-Uni depuis l’UE pour un usage personnel (mais pas dans l’autre sens de circulation, pour lequel des règles plus strictes s’appliquent). Londres pourrait modifier ses règles à terme, mais n’a pas donné de calendrier.