La victoire de Donald Trump aux États-Unis a secoué les Bourses européennes mercredi. Le point sur les secteurs gagnants et perdants au terme de l’élection, du point de vue des investisseurs.
LES GAGNANTS :
- Le secteur pharmaceutique
Les valeurs pharmaceutiques ont été nettement dopées par la défaite d’Hillary Clinton, alors que le discours de la candidate démocrate sur une baisse des prix des médicaments pesait sur le secteur depuis plusieurs mois.
Le débat avait été relancé par une polémique sur le prix d’un médicament antihistaminique fréquemment prescrit pour les enfants, l’EpiPen. En réaction, Hillary Clinton avait indiqué vouloir mettre en place une législation sur la question en cas de victoire, suscitant l’inquiétude des compagnies pharmaceutiques.
«Les investisseurs redoutaient les actions que pouvait prendre Mme Clinton» pour limiter les prix des médicaments, commente Philippe Lanone, analyste de Natixis. «Le pire scénario pour l’industrie du médicament, d’une victoire démocrate, n’est plus sur la table», écrivent dans une note les analystes du gestionnaire d’actifs Candriam.
A 14h15 à la Bourse de Paris, Sanofi progressait ainsi de 3,07% à 75,13 euros, tandis qu’à Francfort, Bayer était en nette hausse (+1,95% à 90,65 euros). A Londres, AstraZeneca gagnait 1,29% à 45,08 livres.
- L’industrie de la défense
«Donald Trump, depuis le début de sa candidature, parle d’une hausse du budget de la défense, c’est l’un des secteurs qui pourrait le plus bénéficier de la victoire», précise Andrea Tuéni, analyste pour Saxo Banque. Les valeurs de l’industrie bondissaient à l’image de Thales qui atteignait des records historiques (+4,80% à 89,37 euros), tout comme BAE Systems (+4,84 à 5,74 livres) à 14h19.
Par ailleurs, le nouveau contexte mondial pourrait être favorable à une relance de l’industrie européenne, à en croire le patron du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, Marwan Lahoud, qui a plaidé pour plus d’Europe de la défense devant l’Assemblée nationale à Paris.
«Entre un Royaume-Uni qui s’apprête à quitter l’Union européenne, une position américaine qui sera ce qu’elle sera (…) si le président Trump met en application ce qu’a dit le candidat Trump, il va y avoir des changements majeurs de la posture de défense en Europe», a-t-il déclaré mercredi devant la commission de la défense de l’Assemblée.
- Les métaux
«Des plans d’infrastructures ambitieux ont été proposés par Trump», note Andréa Tuéni, «c’est un élément positif» alimentant la hausse du secteur, poursuit-il.
«Nous allons reconstruire nos autoroutes, nos ponts, nos tunnels, nos aéroports, nos écoles et nos hôpitaux», a en effet déclaré le républicain lors de sa première intervention publique depuis sa victoire. En réaction, les cours du cuivre ont atteint leur plus haut niveau en près d’un an et demi mercredi.
A la Bourse de Paris, ArcelorMittal prenait 3,89% en début d’après-midi.
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LES PERDANTS :
- L’automobile
Le secteur souffrait, craignant les mesures protectionnistes promises par Donald Trump lors de sa campagne. A Francfort, BMW était lanterne rouge avec une chute de 2,70% à 75,22 euros tandis qu’à Paris Peugeot cédait 0,67% à 13,43 euros en début d’après-midi.
«Pour de nombreux constructeurs, les États-Unis sont le deuxième ou le troisième marché» et même si certains produisent aux Etats-Unis, ils doivent souvent tout de même importer des véhicules dans le pays, a relevé Frank Schwope, analyste de la banque Nord/LB. Dans ces conditions, la victoire républicaine a clairement inquiété. «Davantage de protectionnisme et des barrières commerciales supplémentaires seraient aussi préjudiciables aux Etats-Unis qu’à leurs partenaires commerciaux», a d’ailleurs mis en garde le président de la fédération allemande de l’automobile, Matthias Wissmann.
- BBVA
Le secteur financier, cyclique et impacté par les incertitudes sur le marché, était mitigé. Néanmoins, l’action de la deuxième banque espagnole BBVA, très exposée au Mexique, perdait plus de 8% à la Bourse de Madrid mercredi matin. «Les investisseurs fuient BBVA par peur des conséquences que pourraient avoir l’élection de Trump sur l’économie mexicaine», alors que «le Mexique est précisément la zone géographique qui a rapporté le plus de bénéfices à BBVA», ont expliqué les analystes du site Estrategias de inversion.
Le Quotidien/afp