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« Jack Reacher : Never Go Back » : Tom Cruise en justicier routinier


Film d’action bien fichu, Jack Reacher, premier du nom, avait surpris par sa fraîcheur. La suite, aux airs de déjà-vu, ne soutient pas la comparaison.

L’ancien militaire justicier est de retour dans Jack Reacher : Never Go Back, film sans surprise d’Edward Zwick. Heureusement, à 54 ans, Tom Cruise joue toujours bien du poing… S’il remplit sa mission de film d’action avec moults bagarres et échanges de tirs à foison, ce deuxième volet des aventures de Jack Reacher manque cruellement d’imagination.

Encore un blockbuster! Du lourd, du très lourd, du moins, nous le promet-on sur l’affiche. C’est Jack Reacher  : Never Go Back avec Tom Cruise, 54 ans et toujours en grande forme, ce qu’il prouve avec quelques cascades… Un blockbuster, donc un budget qu’on qualifiera de «conséquent» (96 millions de dollars) pour un film qui fait suite à Jack Reacher (217  millions de dollars au box-office pour 57 millions de dollars de budget…), réalisé par Christopher McQuarrie en 2012 et inspiré par la saga écrite par Lee Child.

Avec ce retour en Virginie, le justicier souhaite rencontrer la chef de son ancienne unité. Elle a disparu (arrêtée pour trahison), il est accusé d’un meurtre commis vingt ans plus tôt. Ce n’est pas fini : il apprend également qu’il pourrait être père d’une jeune fille. Afin d’obtenir justice, il s’engage dans une course poursuite à travers les États-Unis, pour découvrir la vérité, et peut-être une famille. Et prouver également qu’il s’est retrouvé embarqué dans un complot d’État. Voilà, on a là tout ce qu’il faut pour monter, proposer un thriller, un film d’action qui tienne correctement la route. On a tout…

«Cascadeurs au chômage»

Dans ce nouveau Jack Reacher , inspiré du dix-huitième tome de la saga de Lee Child, la production a changé de réalisateur : à Christopher McQuarrie a succédé Edward Zwick, Américain de 64 ans et réputé pour quelques films de bon niveau – dont Glory (1989), Legends of the Fall (1994), Blood Diamond (2006), sans oublier The Last Samurai (2003), déjà avec Tom Cruise qui, avec Jack Reacher, se glisse dans le costume d’un personnage froid, sombre, taciturne, à la recherche de solitude.

Selon l’auteur de la saga, en plus, ce Reacher justicier souffre « également d’agoraphobie et ne supporte pas la foule! » Bien sûr, il y a quelques raisons pour aller voir J ack Reacher : Never Go Back . En fait, trois raisons… D’abord, le film d’Edward Zwick est la suite du très enthousiasmant Jack Reacher où l’on avait un héros justicier naviguant entre le Clint Eastwood de L’Inspecteur Harry et l’Alain Delon du Samouraï . Ensuite, il y a la superbe ancien mannequin canadienne devenue comédienne : Cobie Smulders, parfaite dans les habits d’un personnage aussi impressionnant que froid. Et puis, et enfin, il y a Tom Cruise. Voilà un acteur de 54  ans sur lequel tout – et son contraire, a été dit, écrit. Qui a une grande qualité, bien au-delà de son art du jeu de comédien : il sait choisir le réalisateur avec qui il va travailler. Et pour ce Jack Reacher : Never Go Back , il a milité pour que la réalisation soit confiée à Edward Zwick.

Dans des décors spectaculaires (dans La Nouvelle-Orléans pendant Halloween) et sur un scénario millimétré et sans surprises, Tom Cruise a fait le boulot. Plutôt bien si l’on en croit Edward Zwick : « On avait travaillé ensemble il y a treize ans. Il a certes grandi professionnellement et personnellement, mais il a aussi conservé son charme juvénile… Tom se maintient dans une forme ahurissante, il est du genre à mettre les cascadeurs au chômage car il refuse d’être doublé .» Ainsi, on le voit dans des scènes de combat à mains nues. Encore Zwick  : « C’est presque plus risqué que des cascades avec des véhicules car les coups doivent porter pour être crédibles. En le voyant, je me suis fait de bons frissons… »

Malheureusement, Jack Reacher  : Never Go Back donne une sensation de bégaiement. De déjà vu. En lestant de philosophie «nietzchéenne» son personnage, le réalisateur n’a pas arrangé les affaires. Ce Reacher solitaire, jouant du coup de poing face à des surhommes, castagneur post-moderne, aurait pu briller d’une aura toute en énigmes, de mille feux, de poésie… Il n’est rien d’autre que l’interprétation cinématographique de l’éternel mais ordinaire sauveur. Un rôle que rejoue inlassablement Tom Cruise depuis quinze ans…

Serge Bressan

Jack Reacher : Never Go Back , d’Edward Zwick (États-Unis, 1h59) avec Tom Cruise, Cobie Smulders, Robert Knepper…

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