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Au Luxembourg, l’immobilier résiste à la crise


Malgré des prix allant de 8 970 à plus de 12 000 euros le mètre carré pour les penthouses de l'immeuble, la future résidence au cœur du piétonnier eschois affiche déjà presque complet. (photo Jeremy Zabatta)

Les prix de l’immobilier dans le pays s’envolent encore malgré la situation difficile du moment. Si les prix de la capitale restent toujours hors sol, ceux d’Esch-sur-Alzette commencent à grimper.

Le marché immobilier luxembourgeois ne semble pas craindre la crise, tant sanitaire qu’économique. Il y a quelques jours, une étude Deloitte a mis en exergue des chiffres toujours plus vertigineux. On sait que depuis 2010 les prix de l’immobilier augmentent de 5,7 % annuellement. Il y a dix ans, il fallait débourser 4 400 euros par mètre carré pour un appartement dans le pays. Aujourd’hui, il faut compter beaucoup plus. Selon l’étude de Deloitte, il faut tabler sur plus de 9 000 euros le mètre carré.

Selon l’Observatoire de l’habitat, entre avril 2019 et mars 2020, le prix moyen d’un appartement déjà construit s’est situé autour de 6 260 euros le mètre carré. Pour un appartement en construction, le mètre carré s’écoule à 7 377 euros. «Se baser uniquement sur les chiffres de l’Observatoire de l’habitat peut être trompeur. L’année dernière a été une très bonne année et les derniers chiffres englobent ceux de l’année dernière et de ce début d’année impacté par le coronavirus. De plus, si le Luxembourg est un petit pays, les prix varient très fortement d’une commune à l’autre», explique Éric, un agent immobilier fort d’une vingtaine d’années d’expérience. «Pour autant, dire que le marché est en crise serait faux. La demande est toujours présente et le nombre de biens reste toujours insuffisant. Donc les prix continuent de grimper», ajoute-t-il.

Des prix parfois hors sol. Sans surprise, la capitale affiche des prix pouvant atteindre, en moyenne haute, 12 668 euros le mètre carré, contre 6 459 euros en moyenne basse. En y regardant de plus près, on peut même trouver des appartements affichant jusqu’à 16 000 et 19 000 euros le mètre carré. Mais ces prix ne sont pas le privilège de la Ville.

Des prix hors norme pour une tour à Esch-sur-Alzette

Au cœur du piétonnier à Esch-sur-Alzette, les prix s’envolent. Actuellement en construction, une tour résidentielle à l’angle de la rue de l’Alzette et de la rue de la libération, nommée l’Adresse, affiche également des prix hors normes pour la seconde ville du pays. Selon les prix affichés sur les sites immobiliers, les futurs appartements de la résidence en question s’arrachent à 8 970 euros le mètre carré et à plus de 12 000 euros le mètre carré pour les penthouses de l’immeuble. On est bien loin de la fourchette de l’Observatoire de l’habitat pour Esch-sur-Alzette mentionnant qu’un appartement en construction se situe entre 5 319 euros et 8 537 euros le mètre carré.

«C’est un exemple très spécifique, dans l’hypercentre d’Esch, et c’est un projet très haut de gamme, notamment dans les finitions», explique un agent immobilier ayant l’Adresse dans son catalogue de vente. Un autre agent immobilier ajoute : « Plus de 50 % des appartements sont déjà vendus. C’est vraiment du haut de gamme, ce qui justifie les prix élevés. Pour autant, le même type de bien dans l’hypercentre de Luxembourg serait beaucoup plus cher.»

Les passants du centre piétonnier d’Esch interrogés par nos soins marquent leur étonnement. «Sur la photo, cela donne très bien, on voit que cela va être assez chic», souligne Klara, une habitante de Schifflange. Elle trouve tout de même «les tarifs très élevés pour Esch. Je ne sais pas qui peut mettre autant d’argent pour un appartement alors qu’avec la même somme on peut avoir une maison et un petit bout de terrain dans les villages autour.»

Pour Tom, qui habite le quartier, «il faut prendre en considération d’autres paramètres dans le prix. En habitant dans les centres-villes, on n’a presque pas besoin de voiture. On perd moins de temps dans les bouchons. On peut sortir le soir sans avoir peur de prendre un verre de trop. Et puis, c’est un investissement sur l’avenir.»

La Métropole du fer de plus en plus attractive

Selon l’étude de Deloitte, on peut constater une flambée des prix à Esch-sur-Alzette de l’ordre de plus de 15 % entre 2018 et 2019. «Esch-sur-Alzette n’a pas le même cachet que Luxembourg. Pourtant, la deuxième ville du pays devient de plus en plus attractive. Elle a du potentiel, comme Differdange, Schifflange, Dudelange et Bettembourg. Auparavant, les nouveaux arrivants voulaient uniquement habiter à Luxembourg. Maintenant ils commencent à se rendre compte que les villes à 10-15 kilomètres de la capitale ont beaucoup d’atouts. Inexorablement, les prix vont donc rapidement augmenter dans ces villes», analyse Éric.

Plus globalement, l’immobilier dans le pays ne connaît pas la crise malgré un contexte sanitaire et économique difficile. «Nous sommes étonnés tous les jours par les prix pratiqués», sourit une professionnelle du secteur voulant rester discrète.

La crise du coronavirus n’a pas entamé la confiance des investisseurs et des futurs propriétaires au Luxembourg, bien au contraire. «On aurait pu croire à une baisse des prix à la suite de la crise, mais finalement le marché a très vite repris, même s’il y a bien eu un coup de mou avec le confinement en mars-avril. Aujourd’hui, le marché se porte bien et les prix continuent d’augmenter» explique Axel Thizon, responsable marketing à Remax Luxembourg.

Jeremy Zabatta