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Attaqué de toutes parts, le directeur d’Alcatel Lucent défend ses primes de départ


Michel Combes défend le montant de ses primes de départ, malgré la colère des yndicats et les remontrances du ministre des Finances et des organisations patronales en France. (photo AFP)

Au cœur d’une polémique en France, le directeur général d’Alcatel Lucent, Michel Combes, a défendu lundi la rémunération de près de 14 millions d’euros qu’il devrait percevoir après son départ mardi, se déclarant « fier du travail accompli » à la tête de l’équipementier de télécoms.

« Comme le cours de Bourse de l’entreprise s’est apprécié, on atteint un montant significatif, je le reconnais. Mais cela signifie que j’ai réussi à créer de la valeur et que l’entreprise est sauvée, alors que je l’ai rejoint(e) en quasi-faillite et que les candidats pour la diriger n’étaient pas nombreux », s’est défendu M. Combes, critiqué par les syndicats pour le coût de la restructuration sociale au sein du groupe (10 000 suppressions de poste dont 600 en France).

Michel Combes va quitter son poste mardi en recevant 4,5 millions d’actions sur trois ans, selon des documents officiels cités par le Journal du Dimanche, qui chiffre ces « primes » de départ à 13,7 millions d’euros.

Le ministre français des Finances Michel Sapin a appelé lundi le directeur général d’Alcatel-Lucent Michel Combes à faire preuve de « bon sens » et à « prendre les bonnes décisions » après la polémique soulevée par le montant de ces primes. « Dans le monde d’aujourd’hui, et avec les difficultés que les uns et les autres rencontrent, à un moment donné il faut un peu de bon sens, un peu de mesure, un peu de retenue. Et là, en l’occurrence Michel Combes n’en a pas eu », a estimé M. Sapin, interrogé sur France Info.

Il faut « essayer de comprendre ce que ça veut dire aux yeux des autres, aux yeux des Français, et à partir de là prendre les bonnes décisions. Il est encore temps qu’il le fasse », a ajouté le ministre.

Des primes « choquantes » selon le Medef et la CGPME

Le vice-président du Medef, Thibault Lanxade, a lui aussi jugé « choquantes » lundi les primes que pourrait toucher Michel Combes à l’occasion de son départ d’Alcatel-Lucent et a indiqué que l’organisation patronale allait étudier le dossier. Les sommes attribuées au directeur général du groupe franco-américain, sous forme d’actions, « sont d’autant plus choquantes que les résultats n’étaient pas, on va dire, au rendez-vous », a déclaré le représentant de l’organisation patronale.

La direction de l’équipementier sur le point d’être racheté par Nokia a défendu le bilan de M. Combes, qui « a permis de multiplier par 6 la valeur de l’entreprise et l’a sauvée de la faillite », selon elle, mais les syndicats dénoncent le fait que ce redressement se soit traduit par 10.000 suppressions de postes entre 2013 et 2015, dont 600 en France.

« Il y a un code de bonne conduite qui permet justement de faire en sorte que les rémunérations qui sont octroyées aux dirigeants soient conformes à ce qui a été décidé par les entreprises, et également validées par l’Autorité du marché des contrôles financiers, et par Bercy », a souligné M. Lanxade. « Donc il faut maintenant que l’on regarde attentivement: est-ce que pendant cette période il y a eu une très forte performance de l’entreprise? Est-ce que les montants étaient adossés sur des prises de risques, des critères bien définis? », a-t-il précisé.

Le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), François Asselin, a aussi estimé lundi sur LCI, que le versement d’une telle somme puisse « paraître choquant ». « C’est à des années lumière de ce que peuvent connaître les patrons de PME », a-t-il souligné.

« Cela doit nous poser une question à nous tous: quel est notre rapport à l’argent, personnellement, mais aussi collectivement? Parce que tout cela s’est fait en totale transparence, on ne peut pas le nier. Un conseil d’administration a décidé d’une telle rémunération, cet argent lui est dû contractuellement », a relevé M. Asselin.

AFP / S.A.