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Allemagne : les vieux diesels à la casse, pour relancer le marché de l’auto


"Le plus simple et le plus rapide d'un point de vue environnemental, c'est de remplacer l'ancienne flotte par une nouvelle", a déclaré Angela Merkel. (photo AFP)

Le gouvernement d’Angela Merkel doit annoncer lundi soir la marche à suivre pour les millions d’Allemands détenteurs d’un vieux diesel trop polluant et prépare une facture salée pour les constructeurs qui ont précipité la crise en trichant.

Face aux automobilistes inquiets de voir leur véhicule se déprécier, politiques et constructeurs cherchent depuis des mois à forger un compromis pour organiser la coûteuse mise à niveau de cette flotte roulant au diesel, une technologie inventée en Allemagne. « C’est l’industrie automobile qui a généré ce problème, et c’est à elle de payer », a martelé lundi matin la ministre allemande de l’Environnement, Svenja Schulze (SPD), à la radio publique allemande.

La coalition au pouvoir devrait s’inspirer de trois pistes techniques, quitte à les combiner : le remplacement de pièces sur les véhicules, une prime à l’échange des plus vieux diesel et, a minima, la poursuite des mises à jour des logiciels manipulés de mesures d’émissions. L’un des chefs de file du SPD au Parlement, Carsten Schneider, a d’ores et déjà invité les Allemands à « ne pas avoir de trop grandes attentes » lors d’une interview à la télévision publique ARD.

Chute des ventes

Le gouvernement se retrouve au pied du mur, alors que plusieurs tribunaux allemands menacent d’interdire les diesels les plus nocifs dans des dizaines de centres-villes très pollués. La seule perspective de telles interdictions, déjà entrées en vigueur partiellement à Hambourg, a accéléré la chute des ventes de voitures diesel. Leur part de marché est passée de 48% en 2015 à 39% environ en 2017. Les régions menacées d’interdictions sont « la priorité », a d’ailleurs rappelé Carsten Schneider.

Pour BMW, Daimler et surtout Volkswagen, il s’agit aussi de trouver une solution, avant que la justice ou des associations de consommateurs ne s’en mêlent. Aux États-Unis, Volkswagen a déjà dû débourser 27 milliards d’euros en rappel de véhicules et frais de justice. Le numéro un mondial de l’automobile a été accusé dès 2015 par les autorités américaines d’avoir équipé près de 11 millions de véhicules d’un logiciel capable de fausser le résultat des tests antipollution et dissimulant des émissions dépassant parfois jusqu’à 40 fois les normes autorisées. Dans la foulée, Daimler et l’équipementier Bosch ont aussi été accusés de tricherie.

La pression sur le gouvernement allemand vient aussi de Bruxelles, la Commission européenne menaçant Berlin de poursuites et d’amendes massives pour son inaction face à la pollution de l’air. Or ce dossier, déjà épineux dans un pays où l’industrie automobile représente environ 800 000 emplois, s’est transformé en patate chaude pour le déjà fragile gouvernement Merkel IV, opposant les ministres sociaux-démocrates et conservateurs.

Jusqu’à 10 000 euros par véhicule

Ultime arbitre, la chancelière conservatrice s’est finalement dite jeudi favorable à l’échange de modèles, à la charge des constructeurs. « Le plus simple et le plus rapide d’un point de vue environnemental, c’est de remplacer l’ancienne flotte par une nouvelle », a déclaré Angela Merkel, ajoutant que « les utilisateurs ne devraient pas avoir à payer ». Ce sera donc aux constructeurs de mettre la main à la poche pour cette vaste opération de reprise.

Selon le tabloïd allemand Bild, les industriels offriront jusqu’à 10 000 euros par véhicule, en priorité dans les villes allemandes où l’air est le plus saturé en oxydes d’azote (NOx) émis par le diesel. Mais le ministère des Transports a indiqué à l’AFP sa préférence pour une solution qui « ne cible pas juste les villes les plus affectées », écartant l’idée de primes différenciées selon les lieux.

En ce qui concerne les réparations sur certains véhicules, les constructeurs pourraient se voir forcés de financer 80% de l’installation de filtres Nox sur les moteurs diesel de norme Euro 5. Les automobilistes devront payer la part restante, soit environ 600 euros, selon les estimations de la presse allemande.

LQ/AFP

Un commentaire

  1. Enfin, et hors d’Allemagne, on fait quoi ?