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À Foetz, les capsules du futur


(Photo : Tania Feller)

La multinationale Guala, spécialiste mondiale des capsules de bouteille, arrive au Technoport de Foetz. Elle ouvre là son 5e centre de recherche et développement.

Le nom de Guala Closures Group n’est pas connu du grand public et, pourtant, tout le monde a eu ses produits entre les mains. La société italienne née en 1954 produit en effet les capsules des bouteilles de San Pellegrino, des whiskies Chivas, J&B, Ballantines ou Jack Daniels, des rhums Bacardi et Havana, des vodka Smirnoff, Absolut ou Skyy et même de l’huile d’olive Carapelli. Il ne s’agit que de quelques marques d’un catalogue impressionnant. Guala produit en effet plus de 4 000 modèles de capsules différentes, chaque modèle comportant plusieurs versions. Le groupe compte 27 sites de production sur cinq continents, cinq centres de recherche et développement (dont celui de Foetz), emploie environ 4 000 personnes et son chiffre d’affaires était de 500 millions d’euros en 2016. Chaque année, Guala produit 14 milliards de capsules, un chiffre qui va croissant.

La multinationale est venue trouver au Grand-Duché un environnement propice à l’investissement. Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, en a d’ailleurs profité pour rappeler que le nouveau budget qu’il vient de présenter à la Chambre offrait aux entreprises innovantes de nouveaux avantages fiscaux (défiscalition de l’investissement dans les logiciels et tout ce qui a trait aux technologies de l’informatisation et de la communication).

Des collaborations avec l’université

Piero Cavigliasso, directeur du département innovation technologique du groupe, explique qu’à l’heure de son ouverture, le site de Foetz emploie six personnes, «des ingénieurs et des project managers». Un chiffre qui passera à huit d’ici la fin de l’année et «dans un an, nous serons entre 12 et 15».

Les recherches du centre de recherche et de développement du Technoport vont d’abord s’orienter selon deux axes. Le premier, qui a déjà reçu l’aval du gouvernement, permet de former des capsules par la technique du magnétoformage. «Il s’agit de placer une forme d’aluminium sur un bouchon à l’aide d’un champ magnétique. Cela permet des possibilités de design jusqu’ici impossible à obtenir», explique Frédéric de Vanssay. Ce projet de recherche est lancé en collaboration avec l’université du Luxembourg toute proche : «Nous finançons un étudiant en PhD», précise Piero Cavigliasso.

Le deuxième axe de recherche promet de révolutionner le marché. Il est déjà opérationnel dans sa phase de test et sera sur le marché l’année prochaine. L’idée est de placer dans la capsule une micropuce qui permettra de renseigner et de rassurer le consommateur. «La contrefaçon est de plus en plus massive et cette puce pourra garantir aux clients que le contenu de la bouteille sera bien celui de l’étiquette», garantit Piero Cavigliasso. L’ouverture de la bouteille brise en effet une languette reliée à la puce qui enregistre immédiatement l’information.

Autre intérêt pour le producteur qui utilise ce sytème, il pourra tracer le parcours de chacune de ses bouteilles. «Cela permettra de lutter contre le marché gris, explique le chercheur. En associant l’information de l’ouverture de la capsule avec les lectures des codes-barres des palettes et des cartons, il pourra savoir si le lot de bouteilles est bien vendu dans le pays de destination prévu. Dans certaines régions du monde, c’est un vrai problème.»

La révolution des capsules connectées

Guala pense même que cette puce pourrait être le support de la preuve du paiement des droits de douane. «Plutôt que d’apposer des labels en papier facilement reproductibles, inscrire ces droits sur la puce serait plus sûr et facilement vérifiable», promet Piero Cavigliasso.

Et puis, bien sûr, il y a l’aspect commercial qui permettra d’inventer un nouveau mode de communication avec le client. «Les objets connectés commencent à être partout, notre capsule entre dans ce mouvement», assure Frédéric de Vanssay. Les bouteilles de San Pellegrino en seront bientôt dotées : en approchant son téléphone de la capsule, un film commercial se mettra en route. Il ne s’agit évidemment que d’un début. «Ce système « tap on cap » va profondément modifier l’interface entre le client et le producteur, augure-t-il. On peut tout imaginer : le client pourra avoir dans sa langue des informations sur le produit ou sur la marque, il pourra avoir accès à des promotions, des conseils de dégustation (pour le vin, par exemple). Et puis, toutes les interactions avec les réseaux sociaux seront possibles. Les marques auront dès lors un lien direct avec leurs clients.»

Erwan Nonet

«Nous lançons un appel aux vignerons!»

Jusqu’à présent, le groupe Guala ne compte pas de clients au Grand-Duché. Mais il souhaiterait que son implantation à Foetz lui ouvre de nouveaux horizons. Le président, Marco Giovannini, a notamment raconté dans son discours qu’il a achevé de convaincre Pierre Gramegna en lui vantant les bienfaits que ses capsules offriraient aux vins mosellans.

Plus sérieusement, Frédéric de Vanssay (directeur marketing de Guala) explique que les capsules de vin représentent 19,5 % de la production du groupe et qu’elles sont devenues un enjeu majeur de première importance. «Plus de 80 % des bouteilles de vins australiens sont bouchées avec ce type de capsule qui empêche tout goût de bouchon et, en règle générale, tous les vins du Nouveau Monde les utilisent beaucoup», souligne-t-il. Un intérêt qui justifie l’implantation d’unités de production en Amérique du Sud ou en Australie, «car nous voulons privilégier les circuits courts».
Dans la vieille Europe, le liège a toutefois encore la part belle. «La capsule représente entre 16 et 18 % en France ou en Italie.» Même si cela tend à changer petit à petit, pour le consommateur, elle reste l’apanage des flacons d’entrée de gamme. Une distinction qui n’a pas cours ailleurs. En Australie, par exemple, la très renommée maison Penfolds sort sans problème ses crus bouchés avec des capsules à vis. Aujourd’hui, pratiquement tous les producteurs prestigieux y sont passés. «Nous progressons aussi beaucoup en Californie», ajoute-t-il.

Le Luxembourg, avec sa production prédominente de vin blanc, pourrait donc être un marché à prendre. «Nous lançons un appel aux vignerons!», sourit Frédéric de Vanssay qui a déjà eu le temps de se rendre compte que toute la gamme des Jeunes Vignerons de Vinsmoselle portait les capsules d’un concurrent. «Ce sont de très bons vins que j’ai déjà eu l’occasion de déguster, nous serions ravis de travailler avec eux!» Le message est passé!

E. N.

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