Au programme, copieux, du festival du Film italien de Villerupt, jusqu’au 8 novembre, 56 films. Chaque jour, Le Quotidien vous donne son conseil. Ce mardi : « Palazzo di giustizia » de Chiara Bellosi (2020).
L’HISTOIRE. Dans un tribunal, Viale attend d’être jugé. Son crime ? Avoir poursuivi, puis tué, l’un des deux voleurs qui lui ont soustrait les recettes de sa station-service. Magia, qui a survécu, attend sournoisement de l’autre côté des barreaux et fait confiance à la rhétorique inébranlable de son avocat. Dehors, sa compagne Angelina attend de savoir, en compagnie de sa fille Luce, s’il sera jugé coupable. Face à elles, assise et nerveuse, Domenica espère que Viale, son père, sera acquitté pour légitime défense.
Réalisatrice de documentaires, la Milanaise Chiara Bellosi prend pour décor de son premier long métrage de fiction le palais de justice de la capitale lombarde (recréé dans un hôpital abandonné), lors d’une journée ordinaire. La dernière audience du procès qui y est mise en scène ressemble à des centaines d’autres; ce n’est d’ailleurs pas tant les mécanismes de la justice qui intéressent la réalisatrice. On passe somme toute brièvement sur le schéma classique accusation/défense, qui n’a rien d’extraordinaire; c’est dommage, par ailleurs, car on y aborde d’intéressants sujets de société comme le meurtre prémédité et la vengeance, finalement survolés.
Palazzo di giustizia tire son titre générique de la faune composite qui, tous les jours, foule le sol marbré du bâtiment. On y voit toutes les classes sociales, tous les sexes, toutes les origines ethniques, jusqu’à ce cow-boy qui traverse un couloir en arrêtant – littéralement – le temps. Car chez Chiara Bellosi, le procès se joue aussi sur les bancs devant la salle d’audience, où la fille de Viale, l’honnête commerçant devenu meurtrier, et celle, beaucoup plus jeune, de Magia, l’inoffensif gangster à la petite semaine, se font face, pour peut-être (le temps faisant son affaire) se rapprocher. C’est une porte et deux carabiniers qui séparent le réel de la poésie, mais c’est aussi le manque de mesure dans le scénario, qui en fait le point faible d’un film pourtant prometteur.
Valentin Maniglia
A la Kulturfabrik, à 18h30