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Culture luxembourgeoise : la situation est grave, mais pas désespérée


Sam Tanson, ministre de la Culture. Photo : Hervé Montaigu

Ce sont des Assises culturelles exceptionnelles qui ont eu lieu hier, pour leur troisième édition. La ministre Sam Tanson s’est voulue rassurante alors que le monde de la culture avance à l’aveuglette depuis mars.

Elles auraient pu se dérouler sous de meilleurs auspices : le Luxembourg a vu le nombre de cas de Covid-19 bondir à plus de 3 300 nouvelles infections la semaine dernière. Quand on a vu la manière dont la première vague a affecté le monde culturel au Grand-Duché, on se demande si les Assises culturelles – qui devaient initialement se dérouler en avril – ont choisi le meilleur moment ou si elles tombent, accidentellement, au plus mal. Les mesures sanitaires adoptées dans le monde du spectacle, il faut tout de même le dire, pourraient difficilement être meilleures; il est difficile d’évaluer les limites de ce qui est acceptable, mais la culture doit continuer à vivre, indiscutablement.

La pensée, formulée en introduction par la ministre Sam Tanson, est étayée, plus tard, par l’artiste Anne Simon : « Il faut faire attention à ce que le numérique, qui est très bien, ne devienne pas le principal aspect de la culture. Nous ne devons pas devenir de simples amuseurs. » Les temps confirment bien qu’il vaut mieux vivre la culture ensemble et en sécurité, avec de plus petites capacités dans les salles. La période du tout numérique était courte, pourtant elle semblait si longue, et si peu de temps s’est écoulé depuis la réouverture, force est de constater que les jauges réduites ne freinent pas l’intérêt des spectateurs.

Souci de transparence

Bien sûr, ce sont surtout les artistes, plus encore que les institutions culturelles, qui vont continuer à pâtir de la crise au moins pour les deux prochaines années encore. Sur ce point, les Assises se sont révélées rassurantes, en particulier pour les intermittents, en première ligne, avec une réforme de la loi du 19 décembre 2014 relative aux mesures sociales au bénéfice des artistes indépendants et des intermittents du spectacle. Tammy Tangeten, du ministère de la Culture, a notamment confirmé une augmentation échelonnée de la période – actuellement de deux ans renouvelables – pendant laquelle les aides à caractère social pourront être touchées, et une simplification des demandes. Ont été également mentionnées l’extension et la définition des activités pouvant être prises en compte dans le calcul des jours de travail.

Les Assises culturelles, instaurées en 2016, ont avant tout vocation à faire le point sur le plan de développement culturel (KEP) à long terme 2018-2028. L’ex-président du Focuna, premier conseiller de gouvernement au ministère de la Culture et coordinateur du KEP, Jo Kox, a annoncé deux nouvelles mesures qui s’ajoutent aux 62 déjà existantes, dont la volonté de réactiver le Conseil de la culture. Dans un souci de transparence, l’avancée de la mise en œuvre du plan est consultable dans les moindres détails sur le site internet du KEP. Mais à situation exceptionnelle, Assises exceptionnelles, où il a été, donc, beaucoup question des mesures adoptées par le ministère pour endiguer la crise culturelle. C’est aussi ce à quoi servira fatalement Kultur:LX, un « bureau d’exportation de la culture » qui vise, d’ici à 2025, à la bonne diffusion et au rayonnement de la culture luxembourgeoise ici et à l’étranger et au développement des artistes, en particulier les plus jeunes, dans six disciplines artistiques dont certaines, comme la musique et les arts de la scène, particulièrement touchées.

En ces temps troubles, le bilan reste généralement sécurisant, à défaut d’être vraiment positif, mais si la ministre soutient la culture indépendamment de tout sentiment politique, rappelant qu’il faut éviter de la « faire encore plus souffrir », elle n’oublie pas que « l’incertitude que nous avions il y a quelques mois existe encore ». « Tout peut encore s’aggraver, donc si nous devons prendre des mesures plus graves, nous tenterons d’apporter le soutien qui s’impose. »

Valentin Maniglia

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