Deux mois après l’ouverture de l’espace brasserie, le Lion d’or, à Strassen, a inauguré son coin gastronomique en mars dernier. Une adresse à surveiller de près, où Jérémmy Parjouet jongle entre brasserie et restaurant gastronomique.
De la brasserie, on avait retenu une ambiance conviviale de bistrot, des classiques revisités avec générosité et prix ajustés. Place aujourd’hui à la tranquillité de l’arrière- salle, qui accueille la partie «gastronomique» du Lion d’or. Une vingtaine de couverts y sont servis dans un cadre plus intimiste, propice à la dégustation des plats du chef. Tout est neuf, de la décoration au mobilier en passant par l’argenterie, sortis de l’imagination du couple Parjouet.
Le style, moderne, est mis à l’honneur par l’espace, lumineux. Tant mieux car, ici, il faut savoir prendre son temps, même le midi. L’heure est aux plaisirs des sens. Les plats sont délicats au regard et goûteux au palais. Modernité dans le dressage, classicisme dans les produits, les choix laissent augurer de beaux lendemains.
Un maestro des légumes
Le menu dégustation et ses huit plats devrait séduire les plus exigeants. Préparé selon l’humeur du chef et celle des marchés, il est amené à changer régulièrement, parfois plusieurs fois par semaine. Mais la patte de Jérémmy Parjouet est au rendez-vous. On la retrouve dans ses déclinaisons de légumes, comme cette mise en bouche aux champignons ou ce délicieux céleri, cuit en croûte de sel et truffe, qui magnifie l’ingrédient. On se réjouit du cylindre de bar sauvage mariné, chair de tourteau lié d’une sauce coraline et avocat, très frais et parfumé.
Incontournables, les légumes de Sandrine, cultivés sur commande pour le chef, sont bien là, crus et cuits, agrémentés de jambonnettes de cailles confites, lait mousseux à l’ylang ylang et huile d’oxalis. Le mélange terre-mer fait, lui, son effet, entre blanc de barbue et ses spaghettis aux coques, rafraîchi par un subtil gel yuzu/wasabi, et l’osso bucco calamar-carotte orange, aux contrastes intéressants. Les amateurs de fromages y trouveront également leur compte, avec un plateau d’une générosité rare, pour un supplément plus que symbolique. En dessert, celui qui avait obtenu une étoile au Becher Gare dégaine sa tarte aux pommes pas tout à fait traditionnelle… et totalement déconstruite.
Ludique et savoureuse, elle reste un incontournable. Funambule des fourneaux, Jérémmy Parjouet mène en parallèle les cuisines de la brasserie et du restaurant. Mais sans pression. «Les horaires ne sont pas exactement les mêmes. Quand le service de la brasserie s’achève, nous sommes en plein milieu des plats du gastronomique», analyse le chef. Au premier jour de cohabitation, la frontière entre les deux espaces était déjà marquée. À Évelyne, son épouse, la gestion de la salle de la brasserie et à une autre équipe la salle du restaurant. Et, en cuisines, Jérémmy Parjouet aux aguets pour retrouver chez lui, dans une adresse où il a investi en fonds propres, une étoile Michelin laissée au Becher Gare. Rendez-vous dans quelques mois pour le verdict. En attendant, l’adresse vaut définitivement le détour.
Christophe Chohin
Bonne table : Le Lion d’or, 201, route d’Arlon, Strassen. Tél. : 26 33 44 04 Menus : 42 euros (déjeuner), 68 euros et 90 euros (menu dégustation). Ouvert du lundi au vendredi midi et soir, et les samedis soirs.