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Un grand maître méconnu


Hans Hofmann (ici, Song of the Philomel) incarne le chaînon manquant entre l'expressionnisme européen et son pendant américain. (Photo : dr)

Pour la première fois au Grand-Duché, le MNHA propose une grande rétrospective d’un des plus grands maîtres de l’expressionnisme abstrait américain, Hans Hofmann.

Ce soir marque un événement exceptionnel dans le monde des institutions muséales au Luxembourg : la présentation, pour la première fois, d’une grande rétrospective du maître américain Hans Hofmann, et cela se passe au MNHA. Un moment à ne rater sous aucun prétexte pour découvrir le génie de cet artiste mal connu en Europe, un des pionniers de l’expressionnisme abstrait cher aux États-Unis.

L’expérience serait facile à conduire, il suffirait de questionner tout un chacun sur le nom de Hans Hofmann. Il est à peu près certain que la majorité des passants ne pourront dire qui était cet homme et ce qu’il a accompli. Et pourtant, les noms de Kandinsky ou encore Pollock résonnent bien dans les mêmes têtes. Le musée national d’Histoire et d’Art propose donc de découvrir, ou redécouvrir pour les aficionados, l’un des plus grands peintres du XXe siècle qui a donné à l’histoire autant qu’il a transmis à ses élèves : l’amour de la création et la résonnance des genres.
Né en Allemagne à la fin du XIXe siècle, Hans Hofmann fait ses classes entre l’Allemagne et Paris, où il fréquentera les plus illustres peintres de sa génération : Picasso et Matisse entre autres. À l’aube de la Première Guerre mondiale, Hans Hofmann fut contraint de quitter la France pour retourner à Munich où il ouvrit sa première école d’art.

C’est à l’invitation de certains de ses anciens élèves qu’il rejoindra les États-Unis pour continuer et développer son enseignement. C’est aussi à l’University of California, Berkeley qu’il donnera près de 30 ans plus tard une large collection de ses toiles qui sont montrées dans le cadre de l’exposition au MNHA jusqu’au 14 janvier.

«Le travail a commencé il y a déjà quelque temps pour la réalisation d’un catalogue de toutes ses œuvres, explique Lucinda Barnes, commissaire de l’exposition, venue tout droit de Berkeley. Nous avons ensuite eu ce projet de monter une rétrospective en Europe, là où tout a commencé pour lui. Le grand challenge pour nous a été de retrouver des pièces antérieures à son arrivée aux États-Unis. Beaucoup ont disparu aujourd’hui.» Tout commence avec une vue de son atelier dans les années 1920. On y retrouve ses inspirations du moment, Matisse et Cézanne, nous offrant ainsi un portrait de l’homme au travail.

Maîtriser et jouer des codes de l’art

Les œuvres des années 1930 correspondent à son installation aux États-Unis et à l’ouverture de ses deux écoles d’art qui vont ensuite le voir arrêter la création pendant plus de dix ans. On découvre tout de même dès le début sa plus grande marque de fabrique : l’étude du paysage et le dialogue entre les mouvements et les techniques. Dialogue qui va longtemps le conforter dans une image d’excellent professeur, mais pas créateur, ce qui se révèle totalement faux.

À la demande de ses pairs, il reprend les pinceaux en 1943 et développe sa vision de l’art et de la création, devenant un véritable incubateur des tendances des années 1940 à la fin des années 1960. «Hans Hofmann avait les mêmes exigences avec lui-même qu’avec ses élèves. Il allait voir beaucoup d’expositions, créait un dialogue avec les grands mouvements de peinture. Il explorait aussi de nouvelles techniques et méthodes qui sont ensuite devenues célèbres», ajoute la commissaire de l’exposition.

En effet, on découvre dans l’exposition l’utilisation de l’automatisation du geste ou du «dripping», technique que l’on associe à son contemporain Jackson Pollock, dont il était très proche. Au fil des salles et des époques, les lignes et les représentations disparaissent pour laisser place à la force de l’expressionnisme abstrait.

Hans Hofmann maîtrise et joue de tous les codes de la création, c’est absolument sublime et fabuleux. «Creation in Form and Color» nous entraîne dans l’incroyable histoire de l’art au XXe siècle et nous offre les œuvres d’un de ses plus illustres représentants, encore trop souvent ignoré ou méconnu en Europe et qui, pourtant, incarne le chaînon manquant entre l’expressionnisme européen et son pendant américain.

Mylène Carrière

Musée national d’Histoire et d’Art – Luxembourg.
Jusqu’au 14 janvier 2018.

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