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Un club de foot belge choisit un site porno comme sponsor


Floqué sur les maillots des joueurs de Villers-Devant-Orval, le logo rose du site pornographique a suscité de nombreuses réactions, bien au-delà du monde du football. (photo René Bych)

Le petit village de Villers-Devant-Orval, en Belgique, n’a jamais autant fait parler de lui. Son club de football, qui évolue en 7e division, arbore le logo d’un étonnant sponsor : un site pornographique français.

Villers-Devant-Orval, « un petit village perdu dans les bois et connu dans le monde entier ». L’entraîneur de l’équipe de football locale plaisante à peine. Depuis que ses joueurs affichent, sur leurs maillots, les initiales d’un site pornographique français, la bourgade belge attire tous les regards.

Situé à la frontière française, dans la province du Luxembourg, le village était pourtant habitué à l’anonymat. Tout juste bénéficie-t-il de la renommée de l’illustre bière ambrée, fabriquée à deux kilomètres de là. Son équipe de football évoluait, elle, incognito en Réserve, l’équivalent de la 7e division belge.

C’était sans compter sur l’idée « saugrenue » d’un joueur, responsable commercial à la ville, chargé de trouver un sponsor pour les nouveaux maillots du SC Villers-Devant-Orval. « Nous avions, au départ, un projet de partenariat avec une entreprise de cuisines, qui a été abandonné. On a alors décidé de faire une demande à Jacquie et Michel … Mais c’était un pari, une plaisanterie ! », raconte Vincent Coos, le Lorrain de l’équipe, originaire de Mont-Saint-Martin.

A la surprise générale, la réponse de l’entreprise française, dont le chiffre d’affaires est estimé à plus de 10 millions d’euros, est positive. « Ils ont accepté et ont participé à l’élaboration des tee-shirts », sourit Fabien Lecler, le président du club. Pas de contrat, ni de transaction financière entre le géant français du X et l’équipe belge, juste l’autorisation d’apposer le logo – un disque rose avec les initiales J & M – sur les maillots des joueurs.

Une enseigne refuse de floquer les maillots

L’histoire se complique avec le flocage des tenues. Le club local essuie un refus de la part d’une grande enseigne de sport, soucieuse de ne pas associer son image au partenariat. « Nous, on voulait simplement que les tee-shirts soient agréables à regarder… Et si ça peut faire de la pub à l’entreprise, tant mieux. Mais ça aurait pu être une marque de tracteurs, on aurait accepté aussi », insiste Vincent Coos.

Les joueurs ont finalement pu enfiler leur maillot en mai dernier. « Et pendant quatre mois, c’est passé complètement inaperçu, assurent-ils. Nos adversaires ne savaient pas ce que signifiaient ces initiales. » Il faudra un match disputé côté français, en Meuse, pour alerter un connaisseur. La nouvelle s’est alors répandue comme une traînée de poudre, des médias wallons aux réseaux sociaux, en passant par le magazine spécialisé So Foot. « Ça fait parler… Ça nous a beaucoup amusés mais certaines réactions ont été disproportionnées, notamment dans le village. Les gens n’ont pas vu le second degré et ont critiqué ce choix », regrette le président Fabien Lecler. « Celui qui n’approuve pas aurait peut-être pu nous sponsoriser… Il y a assez d’entreprises dans le coin », ajoute-t-il. « On est un tout petit club, avec une centaine de licenciés , on vivote, alors on prend ce qu’on nous donne… », renchérit le coach meusien, Jean-Luc Stojko.

Villers-Devant-Orval aspire désormais à « retomber dans l’anonymat », loin du tumulte provoqué par ce nouveau sponsor.

Laura Maurice (Le Républicain lorrain)