La polémique enfle autour des Oscars du cinéma aux États-Unis, jugés « trop blancs » et manquant de diversité dans les nominations. Des personnalités noires ont même annoncé qu’elles boycotteraient la cérémonie du 28 février.
Cheryl Boone Isaacs, présidente de l’académie qui décerne les Oscars, s’est dite « à la fois navrée et frustrée par le manque d’inclusion » d’acteurs et d’actrices noirs dans la liste des nominations, même s’il est important de reconnaître la valeur du travail de ceux qui ont été nommés. « Ceci est une discussion difficile mais importante et il est temps de faire de grands changements », a déclaré la présidence, elle-même afro-américaine.
Depuis son arrivée à la tête de l’Académie des arts et sciences du cinéma, en 2013, Cheryl Boone Isaacs a œuvré pour davantage de diversité mais, concède-t-elle, « le changement n’arrive pas aussi vite que nous le souhaiterions ». « Nous devons faire plus, et mieux, et plus vite ». L’Académie est constituée de 6 000 membres qui, selon le Los Angeles Times, sont à près de 94% des blancs, majoritairement des hommes, les noirs ne représentant que 2% et les hispaniques moins de 2%.
Aucun acteur ni actrice noir n’a été nommé aux Oscars pour la deuxième année de suite, ce qui a enflammé les réseaux sociaux et suscité une nouvelle polémique. Parmi les protestataires, le metteur en scène et acteur Spike Lee a annoncé qu’il compter boycotter la cérémonie organisée à Los Angeles.
« Plus facile d’être président des États-Unis »
Bien qu’ayant exprimé sa gratitude pour l’Oscar d’honneur qui lui a été remis en novembre, Spike Lee a choisi Instagram pour faire part de son mécontentement : « Nous ne pouvons pas soutenir ça », écrit-il, commençant son message par « #OscarsSoWhite… Again » (les Oscars si blancs… encore).
« Mais comment est-il possible que deux années consécutives, la totalité des 20 sélectionnés dans la catégorie des acteurs soient blancs ? Et sans même mentionner les autres catégories », s’interroge encore le réalisateur. Et d’ironiser : « Peut-être qu’on est incapables de jouer. » Arguant par ailleurs que la « vraie bataille » n’est pas spécifiquement avec l’Académie du cinéma mais contre l’absence de noirs dans des fonctions de pouvoir de l’instance. « Il est plus facile pour un noir d’être président des États-Unis qu’à la tête d’un studio », raille Spike Lee.