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[Tourisme] Venise, hors des sentiers (trop) battus


La Palais des Doges, une visite incontournable pour comprendre les rouages du pouvoir de la République de Venise. (photo JC Ernst)

Son carnaval, sa biennale, ses gondoles, son pont du Rialto, sa place Saint-Marc, sa basilique… Derrière ses vitrines emblématiques et son tourisme de masse, la cité lacustre sait se faire (un peu) plus discrète et retrouver la fraîcheur de son charme en certains endroits, et à certains moments.

Ne pas se jeter dans la foule

Vue depuis le ponte dell'Accademia, l'image d'Épinal de Venise. (photo Sy.A.)

Vue depuis le ponte dell’Accademia, l’image d’Épinal de Venise. (photo Sy.A.)

Venise est une destination magnifique et romantique à souhait, qui concentre tous les superlatifs. Mais avec ses 23 millions de visiteurs annuels (deux fois moins que Paris pour une ville 35 fois moins peuplée), un chiffre qui ne cesse d’enfler, la cité étouffe sous le tourisme de masse et son lot de nuisances et de débordements.  Ses habitants n’en peuvent plus, et de nombreux touristes eux-mêmes repartent déçus d’un tel périple.

Alors plutôt que de renoncer à découvrir ce bijou, pourquoi ne pas simplement éviter la saison touristique, d’avril à septembre ? Même si  le soleil vous paraît indispensable, opter au maximum pour la fin mars ou le début du mois d’octobre, c’est déjà faire un grand pas vers une découverte sereine de la ville.

Lire aussi : [Tourisme] Hôtel Danieli : un palace de légende à Venise

 

Le calme du Castello et du Cannaregio

Campo Santa Ternita, dans le quartier du Castello. (photo Sy.A.)

Campo Santa Ternita, dans le quartier du Castello. (photo Sy.A.)

Second conseil, de bon sens à nouveau : ne pas s’attarder dans les lieux dits « incontournables », encore moins aux mauvaises heures. Préférer le petit matin et/ou le soir. Certes, il faut voir la place Saint-Marc et sa basilique, mais il n’est pas utile d’y revenir ni d’y stagner, ni de s’acharner dans des heures de queue pour grimper en haut du beffroi ou pour trouver une table à la terrasse du prestigieux Caffè Florian. Ni encore de s’entêter à jouer des coudes pour déambuler dans le quartier San Polo ou se faire une place sur le pont du Rialto.

À quelques pas de là, c’est une Venise souvent calme et discrète, et d’autant plus envoûtante par son charme suranné, qui s’offre aux promeneurs dans les ruelles étroites des quartiers du Castello et du Cannaregio. Où les touristes se font beaucoup plus rares, où les enfants jouent au ballon sous le linge pendu en rentrant de l’école, devant les ateliers d’artisans. Même sérénité dans le quartier du Dorsoduro et sur les quais des Zattere, où le coucher de soleil sera certainement beaucoup plus zen et inoubliable que sur la superbe-mais-bondée Riva degli Schiavoni.

Le Palais des Doges, version secrète

Les célèbres Plombs, cellules dont Casanova fut le seul à s'évader. (photo Sy.A.)

Les célèbres Plombs, cellules dont Casanova fut le seul à s’évader. (photo Sy.A.)

S’il n’est pas envisageable de faire une croix sur le Palais des Doges, pourquoi ne pas opter pour la visite guidée « Itinéraires secrets » ? Réservable sur internet, elle vous évitera de faire la queue à l’entrée. Surtout, elle vous invitera à découvrir des salles habituellement inaccessibles et autrefois utilisées par la plus haute administration de la Sérénissime. Au détour d’une porte secrète, jusqu’au grenier et sa magnifique charpente, vous comprendrez les rouages politiques et judiciaires de ce puissant État qu’était la République de Venise (indépendant durant plus de 1000 ans, jusqu’en 1797), à travers le rôle du Doge, du Conseil suprême et du Conseil des Dix.

Une république oligarchique contrôlée par un nombre restreint de familles nobles, très soucieuses d’éviter toute dérive monarchique. En parcourant la salle de torture et les cellules de prison (dont les célèbres Plombs, plus confortables et situées dans les combles du palais), vous apprendrez comment les complots étaient déjoués et ce qu’il advint notamment de Casanova qui y fut enfermé durant 14 mois en 1756 avant de réussir à s’évader… Et,  des années plus tard, de 1776 à 1782, de travailler lui-même comme espion pour le pouvoir vénitien !

Ainsi initié aux coulisses du subtil équilibre des pouvoirs de la Sérénissime, vous pourrez profiter pleinement et plus rapidement de la visite habituelle du reste du palais, décoré par les plus grands peintres de la ville comme Le Tintoret ou Véronèse.

Temples de l’art moderne et contemporain

Musée Gu

Collection Peggy Guggenheim. (photo Sy.A.)

Même si vous n’allez pas à Venise durant la Biennale (qui se déroule de mai à novembre tous les deux ans, dont cette année), l’art contemporain ne disparaîtra pas de la ville pour autant. Difficile d’être déçu par la visite combinée du Palazzo Grassi et de la Punta della Dogana, tous deux rachetés par l’homme d’affaires français François Pinault. Les expositions y mêlent une sélection d’œuvres de sa propre collection ainsi que d’autres spécialement créées pour les lieux, notamment les 5000 mètres carrés du bâtiment de la Punta della Dogana, rénové par l’architecte japonais Tadao Ando.

À ne pas manquer actuellement (et jusqu’au 3 décembre 2017), la double exposition «Treasures from the Wreck of the Unbelievable» de Damien Hirst.

Pourquoi ne pas enchaîner par la collection Peggy Guggenheim, située à deux pas ? Dans ce palais inachevé au bord du Grand Canal, place à l’art moderne de la première moitié du XXe siècle. La visite est très agréable et digeste, au milieu des œuvres de Chagall, Magritte, Miro, Kandinsky, Picasso, et autres mobiles d’Alexander Calder.

Dès lors, la visite de la Galleria dell’Accademia, et son impressionnante collection de peintures vénitiennes, vous paraîtra certainement moins « incontournable », c’est selon.

Le trésor de Torcello

Le campanile de la cathédrale

Le campanile de la cathédrale Santa Maria Assunta, au milieu de la nature sauvage de Torcello. (photo Sy.A.)

Le Jugement dernier, somptueuse mosaïque qui vaut le détour. (photo Sy.A.)

Le Jugement dernier, somptueuse mosaïque qui vaut le détour. (photo Sy.A.)

Parmi les îles de la lagune, elle est certainement l’une des moins fréquentées, la plupart des touristes préférant s’en tenir à Murano (célèbre pour son verre) et Burano (village de pêcheurs aux splendides maisons colorées). Il ne reste en effet plus grand chose de cette cité jadis florissante, qui fut la puissante rivale de Venise avant d’être engloutie par les marais. Et pourtant, se dresse encore à Torcello la cathédrale Santa Maria Assunta, chef d’œuvre vénéto-byzantin et seul vestige du prestigieux passé de l’île.

Si son campanile offre une vue imprenable sur la lagune, le plus ancien monument de l’histoire vénitienne abrite surtout sur le revers de sa façade une gigantesque mosaïque du XIIe siècle illustrant le Jugement dernier. Un trésor splendide qui vaut à lui seul le détour, bien loin de l’agitation de la place Saint-Marc. Torcello, c’est une bouffée d’air et un voyage dans le temps. Les vieux Vénitiens vous le diront : « Il faut absolument aller à Torcello, pour voir comment Venise était avant. »

Sy.A.

Vols directs Luxembourg-Venise avec la compagnie Luxair.

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