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[Théâtre] Quand Tchéky Karyo incante Hendrix


Tchéky Karyo est de retour à Luxembourg après son passage en 2015 à l'occasion du Luxembourg City Film Festival. (Photo DR)

Tchéky Karyo sera, ce vendredi soir et samedi, sur la scène du TNL avec « Jimi Hendrix (monologue électrique) », une pièce mise en scène tel un concert, sur un texte poétique rendant hommage au guitariste de génie.

Vous êtes de retour à Luxembourg pour présenter la pièce « Jimi Hendrix – monologue électrique ». Que représente Hendrix pour vous ?

Tchéky Karyo : C’est un musicien exceptionnel qui a toujours abordé son instrument, son art avec beaucoup de liberté. Un artiste qui s’est donné la chance de laisser aller sa créativité, ses pulsions artistiques, de raconter ses sentiments à travers ce qu’il a vécu, en tant que Noir américain avec du sang indien. Bref, c’est une belle source d’inspiration.

Après des décennies de théâtre et surtout de cinéma, vous vous êtes également lancé dans la musique, sur le tard, en 2006. Que vous apporte-t-elle par rapport au métier d’acteur ?

J’ai l’impression que quand on fait de la musique, on devient un meilleur acteur. Dans la musique, on a affaire au silence, au partage, il faut savoir écouter, savoir répondre et puis il y a une manière d’être présent, de donner du temps au temps. En faisant de la musique j’ai retrouvé le bonheur de la créativité collégiale. Un peu comme avec l’équipe de Hendrix.

Justement, comment est né ce projet ? D’ailleurs, doit-on parler de pièce de théâtre, de spectacle… ?

Un peu tout ça à la fois. C’est presque multimédia, même s’il n’y a pas d’écrans ou de projections, il y a un rapport très fort à la musique. Le challenge qu’on s’est donné avec le metteur en scène, Jean-Michel Roux, et l’ingénieur du son, Philippe Moja, c’est de rendre hommage à Hendrix avec les mots, en trouvant une forme de liberté, en tordant la voix, sur ces textes de ce poète qui s’identifie à Hendrix et parle de lui un peu à la manière dont peignait Jackson Pollock. On va déchirer l’espace avec le son, la voix va être transformée, moi, je joue avec un micro, Jean-Michel envoie des nappes qui créent une ambiance, donnent des sensations, traduisent des émotions subliminales… Et puis, il y a cette écriture de Zéno Bianu qui est magnifique.

Que raconte le texte ?

C’est un voyage au cœur de Jimi Hendrix, de ses plis et replis, de ses visions, de ses cris… Un poème mystique construit en partie sur les incantations du Livre des morts tibétain. Le poète du texte s’identifie à Hendrix dans une sorte d’exercice d’admiration où on raconte l’homme – James Marshall Hendrix, ses racines, liées à l’esclavage, au blues, à ce mélange de négritude et d’Indien aux États-Unis – mais aussi le musicien magnifique, moderne, qui a réussi à collaborer même avec des musiciens blancs.

Un homme devenu un mythe depuis son entrée dans le club des Forever 27.

Oui, c’est devenu une icône. Comme James Dean, mort encore plus jeune, Jim Morrison et d’autres. Il y a effectivement une sorte de suspension dans le temps avec ces gens qui sont au summum de leur art et, boum!, tout s’arrête d’un coup. Ça crée effectivement des sortes de mythes modernes; ils deviennent des exemples, des sources d’inspiration. Ça frustre les fans. On est curieux de savoir ce qu’ils seraient devenus s’ils avaient vécu plus longtemps, ce qu’ils auraient fait. Regardez Prince, bon, il a vécu plus longtemps, 57 ans, sans jamais se ringardiser. Il s’est constamment renouvelé, allant même jusqu’à changer d’identité, c’est aussi intéressant de la part d’un artiste.

On pourrait presque y voir un parallèle avec votre carrière : vous avez tourné des blockbusters hollywoodiens, mais aussi des films d’auteurs italiens ou encore luxembourgeois, recommencé le théâtre, fait de la musique…

C’est ma nature. On peut comprendre à travers ça que je n’ai pas de plan de carrière, que je ne suis pas un arriviste, mais au contraire, quelqu’un qui d’un point de vue artistique essaye d’être au plus près de ses rêves d’enfant.

Qui dit Hendrix pense musique. Il y en aura dans la pièce ?

Non. Hendrix est là à travers les mots du poète. Tout en faisant une vraie biographie – parce qu’on raconte des moments de sa vie – le texte est une projection dans l’être Hendrix et, au-delà de lui, sur notre rapport à la mort. Une manière d’en parler avec sagesse, sérénité, sans pathos, avec un peu d’ironie aussi. C’est juste magnifique ! Il y a du rythme, des éclats, de la douceur, de l’humour… Et puis la pièce joue aussi sur la magie du moment; chaque représentation est unique, comme un concert. Il y a vraiment un côté live qui influe sur la pièce.

Entretien avec Pablo Chimienti

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