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Théâtre : le Kinneksbond, un pont entre les générations


En misant sur un programme varié, le Kinneksbond entend ramener les jeunes à la culture et au théâtre. (Photo : Steve Ullathorn)

À travers une programmation «hétérogène, exigeante et populaire», le Kinneksbond de Mamer cherche à poursuivre sur sa voie : attirer un public jeune et le consolider.

Depuis la saison dernière et sa «vraie» prise en main des rênes du Kinneksbond, Jérôme Konen reste fidèle à sa philosophie : oui, la culture est une affaire sérieuse; oui, ses représentants, d’ici et d’ailleurs, méritent de se faire découvrir; et oui, enfin, afin que les salles se garnissent, il faut insister, attiser la curiosité, créer des réflexes, encore et encore… Une tâche de cœur qui s’observe et se confirme avec la présentation de la nouvelle saison, tout aussi «hétérogène, exigeante et populaire», donc, que la précédente.

Premier constat, dans un fort souci d’ancrage territorial, «notre chance, explique le directeur, est la proximité de deux établissements scolaires» (NDLR : l’École européenne et le lycée Josy-Barthel), avec lesquels sa maison entretient de «bons liens».

Ainsi, main dans la main avec la Kulturhaus de Mersch, c’est tout un programme qui est consacré aux 12-19 ans – et aux enseignants soucieux de libérer un peu de place pour les arts –, compilé dans la brochure Culture Up!. Une bonne idée qui permet d’établir un futur public, et pas uniquement scolaire. «Il faut qu’une indépendance se développe», soutient Jérôme Konen.

«Créer des réflexes, des habitudes…»

Pour ce faire, ce dernier mise sur la pédagogie, en parallèle à une forte interactivité. D’abord en définissant un fil rouge – cette année, ce sera les comédiens. «Le but est qu’ils se questionnent sur les potentialités du théâtre», dit-il. Ensuite, en invitant ces adolescents à prendre part activement à différents projets de grande qualité (Purge, L’Île, Gen Z) où il sera question de Facebook, du massacre d’Utoya ou des questionnements sensibles de toute une génération.

Des classiques revisités (Lenz, Werther!, En attendant Godot, George Dandin) et d’autres singularités (notamment l’enthousiasmant Convivialité, où deux anciens professeurs s’amuseront à «montrer les absurdités de la langue française») complètent cette offre qui saura plaire, aussi, aux adultes – ça va de soi.

Le second constat est que le Kinneksbond cherche à imposer son audace et ses coups de cœur dans ses propositions, soutenu, il est vrai, par une kyrielle de partenaires (OCL, Opéra-Théâtre de Metz, Institut français…). «Il faut se souvenir que la première année où est venue Anne Teresa De Keersmaeker, il y avait 40 personnes dans la salle. Maintenant, elle la remplit deux soirs d’affilée», soutient Jérôme Konen.

Sur cette idée, il persiste alors à remettre en avant certaines de ses préférences (comme le retour de Salvator Calcagno) afin de «créer des réflexes». «J’espère qu’une confiance va s’installer et que les gens vont venir en curieux», note-t-il. Pas de raison d’en douter, surtout que chaque année la «cuvée est bonne» au Kinneksbond. Preuve en est, en danse, avec ce double questionnement du corps meurtri par la maladie (Néant de Dave St-Pierre et The Ephemeral Life of an Octopus de la «locale» Léa Tirabasso).

Saluons, également, une double nouveauté : l’ouverture à l’art du cirque avec deux spectacles «en altitude» plusieurs fois primés (Pss Pss et A Simple Space), ainsi qu’une première fenêtre ouverte sur le stand-up (Un spectacle drôle de Marina Rollman). Notons, au passage, la disparition du «Mardi du livre», remplacé illico presto par le plus «détendu» «Story Time», littéraire et plus respectueux des textes. Suivront, enfin, le lendemain, les soirées musicales «Hannert dem Rido», dans le même esprit «à la cool», avec une ribambelle d’artistes du cru.

Grégory Cimatti

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