La «release party» du premier album de Sven Sauber, Another Day, se tiendra dimanche à Opderschmelz, après avoir été repoussée de plus de six mois. Le musicien luxembourgeois, qui a longtemps été un «sideman» incontournable pour les groupes du pays, livre un album doux et riche.
Guitariste et auteur-compositeur-interprète, Sven Sauber s’apprête à monter sur scène pour la «release party» de son premier album, Another Day, dimanche soir à Dudelange, sur la scène d’Opderschmelz. Le passage en solo du musicien de 34 ans, longtemps au service d’autres artistes et groupes («Idéalement, j’aimerais pouvoir allier mon travail en solo et celui que je fais pour d’autres artistes», lâche-t-il), a rencontré un malheureux concours de circonstances avec l’arrivée du Covid-19, qui a empêché la tenue du concert de lancement le 14 mars. Qu’importe, Sven Sauber se sent soulagé et en rit aujourd’hui.
Another Day, petite pépite folk, où l’artiste invite un ensemble de cordes pour créer une atmosphère tout en retenue, est sorti en plein confinement, le 16 mars, sur les plateformes de streaming, et est désormais disponible en CD et en vinyle. Lors de notre dernière discussion, en avril, il confiait ses craintes vis-à-vis de l’évolution de la situation et ses conséquences pour les artistes indépendants, comme lui. Mais aujourd’hui est «un autre jour» pour Sven Sauber, qui a le regard tourné vers l’avenir, et en particulier vers dimanche, quand il pourra enfin présenter ce premier album à son public. Et après avoir rappelé que la salle «a fait tout ce qu’il fallait pour assurer la sécurité du public : les spectateurs, qui pourront être une centaine, apprécieront le concert assis et sans masque», il avance confiant : «Je crois que ça va être un bon concert.»
Lors de notre dernier entretien, au tout début de la pandémie, vous disiez que cette période devait apporter une remise en question. Comment cela s’est passé pour toi ?
Sven Sauber : Beaucoup de travail. J’ai fait quelques nouveaux morceaux. À côté, j’ai préparé des cours, des concerts, d’autres projets encore… Another Day est mon premier album et j’espère que ce ne sera pas le dernier (il rit). Plusieurs nouvelles chansons sont déjà prêtes ou presque. C’est cool d’avoir enfin la possibilité de présenter cela sur scène dimanche, qui représente plusieurs années de travail.
Comment avez-vous décidé de convoquer cette formation classique sur cet album, avec une contrebasse, des violons, un violoncelle… ?
C’est un album acoustique; les chansons ont une nature organique, et cet ensemble de cordes amène vraiment le projet à un niveau supérieur. C’est quelque chose que l’on trouve beaucoup dans la musique folk aujourd’hui. J’avais déjà ça en tête quand je composais les morceaux, mais le processus d’amener un orchestre est arrivé au moment de l’enregistrement. Au début, on pensait plutôt à un quartette mais on a eu par la suite cette idée d’amener un orchestre pour donner une dimension plus profonde à la musique.
Les musiciens qui seront sur scène à Opderschmelz sont les mêmes que ceux que vous avez convoqués sur l’album ?
Presque tous. Il y a un seul changement : Claire Parsons, qui est sur l’album, ne sera pas sur scène. Elle sera remplacée pour le concert par une chanteuse de Bruxelles, Aneta Nayan. Sur l’album on a un orchestre à cordes et pour la « release party », on aura un quartette. C’est évidemment une question de place, la scène étant trop petite pour mettre tous les musiciens de l’album.
Vous êtes auteur-compositeur-interprète sur Another Day. Votre longue expérience de « sideman » a-t-elle une influence sur ton processus de composition ?
Je compose et j’écris moi-même. Je suis guitariste, alors beaucoup des directions que je prends se développent à partir de la guitare, mais j’ai aussi composé au piano lorsque je recherchais un autre timbre ou une autre façon de composer.
La richesse qu’apporte l’orchestre à l’instrumentation est contrebalancée par sa discrétion. Comment avez-vous géré cette balance ?
Si, en composant, je sais que l’instrumentation sera plus « light », ça me permet de donner plus de place à l’arrangement. Tout est écrit d’une manière qui permet de faire beaucoup de choses différentes au niveau de l’arrangement. Je suis resté très flexible dans ma façon de composer, que les morceaux restent sur le modèle classique guitare-voix ou qu’ils soient enrichis par les cordes.
Le message qui se cache derrière cet album, c’est qu’il ne faut pas s’enfermer dans ce qui est négatif
Le titre de l’album, Another Day, renvoie à cette idée de tourner la page, de la recherche de la nouveauté. Aujourd’hui, on y voit un tout autre sens…
Ce n’était effectivement pas du tout l’idée au début (il rit). C’est marrant de comparer la thématique de l’album et la situation qui a entouré sa sortie. Tout ce que je peux dire, c’est que ce n’est pas moi qui ai inventé le Covid (il rit). Si les gens y trouvent un sens, un message, c’est toujours bien. Le message qui se cache derrière cet album, pour moi, c’est qu’il faut voir toutes les belles choses de la vie et ne pas s’enfermer dans ce qui est négatif. Avant le Covid, le monde a négligé cela. C’est normal : ce sont les règles de la société dans laquelle on vit. Si l’on regarde les informations, on pense que la planète est un espace absolument terrible. Et pourtant, il y a de belles choses… Il suffit de les voir.
Voir les belles choses, c’est ce que l’on aimerait pour le « monde d’après », mais on restera profondément marqué par cette crise sanitaire. C’est aussi pour cela que l’on rebondit toujours sur ce sujet.
Le Covid a pris une place énorme dans la vie de tout le monde. C’est de cela qu’il faut sortir.
Cela veut-il dire que vous envisagez déjà un prochain album ?
Oui, j’y pense déjà. On peut considérer qu’il est fini aux trois quarts en termes de titres composés, mais je ne suis pas pressé de l’enregistrer (il rit). Je suis déjà très heureux de sortir le premier.
Entretien avec Valentin Maniglia
Another Day, de Sven Sauber.
«Release party» dimanche, à Opderschmelz. 20 h.