Pour sa décennie, le festival Sonic Visions propose toutes ses découvertes et conférences hors des murs de la Rockhal, au cœur du site industriel.
Dix ans, l’âge de l’émancipation ? Apparemment, c’est le cas pour Sonic Visions, qui célèbre sa décennie comme un grand, en dehors du nid qui l’a vu naître et grandir. «Oui, on a coupé le cordon ombilical», s’amuse Olivier Toth, patron de la Rockhal, tout heureux de voir gambader l’un de ses bébés. Bon, pas trop loin quand même… De l’autre côté de la route, en réalité, là où la nouvelle édition prendra ses quartiers, juste dans le prolongement de la gigantesque cheminée qui ravit la plupart des visiteurs du lieu. «On a beaucoup observé l’évolution du site, et cela nous a inspirés», poursuit-il.
Déjà tentée «progressivement» ces deux dernières années, cette voisine délocalisation sera totale, en novembre prochain, avec deux scènes en intérieur (d’une capacité chacune de 150-200 personnes) et d’une grande dehors (800), avec, bien évidemment, quelques chemins de traverse pour apprécier les conférences, toujours d’un très haut niveau avec ses intervenants spécialisés – parlant de créativité, d’entrepreneuriat, de technologie, sous l’angle musical bien évidemment – et d’autres réjouissances plus terre à terre, propres à tout festival digne de ce nom. Un site qui, de surcroît, sera illuminé par ceux qui s’occupent de la bien nommée «Nuit des lampions» de Wiltz. Bref, une expérience totale, combinée avec les joies de concerts «outdoor» en novembre dans le Grand Est…
Un évènement «ouvert à tous»
Toujours Olivier Toth : «Quand on fête ses dix ans, il faut le faire en grand ! On a eu envie d’un évènement ouvert à tous, même ceux pour qui le line-up ne parle pas…» Justement, parlons-en de la programmation qui, à défaut de clinquant, fait dans la sobriété et l’esprit aventureux. «Des highlights, à la Rockhal, on en a toute l’année !», lâche Arnaud Velvelovich, justifiant là son poste de programmateur. Sans grosse tête d’affiche, le festival Sonic Visons se facilite ainsi la vie, financièrement, bien sûr, mais aussi d’un point de vue organisationnel. Et, poursuit Olivier Toth, «on s’est donné pour ambition, avec ce festival, de trouver les talents de demain. Certaines personnes ont pris cette habitude» de venir à l’aveugle, et se laisser surprendre.
Précisons tout de même que la première journée servira de mise en bouche, avec un large pan de la soirée légué aux groupes locaux; la seconde, elle, sera plus «urbaine» et la troisième aux élans pop-rock «indé». Si on peut toutefois regretter l’annulation de William Fitzsimmons, dans le lot, Roméo Elvis + Le Motel devrait ravir les voisins belges, tandis que Her tentera de se refaire une santé après la disparition, en août, d’un de ses piliers. Sans oublier aussi, au passage, J. Bernardt, qui prouve tout le talent, pris à part, de chaque membre du groupe Balthazar. «Il faudra tabler sur une quarantaine d’artistes, dont 15 groupes qui viennent du Grand-Duché», précise Arnaud Velvelovich.
Un autre format, donc, et une autre ambiance pour un festival qui, à l’instar de son environnement proche, au cœur de Belval, s’adapte, évolue, brise des barrières et cherche à s’enraciner. Restons dans la symbolique pastorale avec Olivier Toth, avec ses perpétuelles «envies de défricher», tout en continuant inlassablement «à semer». Audacieux dans un décor d’acier et de béton.
Grégory Cimatti
D’autres groupes et DJ seront annoncés prochainement