Aux Restos du Cœur, on distribue des produits de première nécessité. Et une denrée de plus en plus rare : la solidarité avec les moins bien servis de la société. Petit tour dans un centre des quartiers nord de Marseille, au premier jour de la campagne hivernale.
Une douzaine de bénévoles s’activait ce lundi au centre Bon Secours, dans le 14e arrondissement de Marseille. « On est un peu débordés ! », s’exclame Françoise Rossi, responsable adjointe. C’est qu’il faut remettre la machine en route. Toujours bien huilée du reste. Cette petite antenne des Restos, ouverte une demi-journée par semaine, vient en aide à « 171 familles, soit 500 personnes ». Une goutte d’eau, comparée au million de bénéficiaires attendues cette année pour la 31e campagne hivernale des Restos.
Ici, quelques dizaines de personnes se présentent à l’entrée du local. Dans la file d’attente, chacun tient précieusement sa fiche qui donne droit, en fonction de sa situation familiale, à un nombre précis de denrées. Un sésame de fortune laissant entrevoir la perspective de repas un peu moins chiches quelques jours durant.
Parmi les bénéficiaires qui patientent au premier stand, Mounera, venue avec sa petite Ada, trois ans. Un accident a rendu son mari invalide. Le couple et ses trois gamins vit sur une maigre pension et les allocations familiales. Depuis l’année dernière, elle frappe à la porte des Restos toutes les semaines -« surtout pour les enfants »- car entre « le loyer, l’électricité, le gaz », les difficultés arrivaient bien avant la fin du mois.
Le même discours répété par la plupart de ceux que l’on croise ici. « C’est une voisine qui m’en a parlé. J’ai déposé un dossier et j’ai été acceptée, ça m’évite d’acheter beaucoup de choses, ça aide. Ça fait deux ans maintenant que je viens », explique Wahiba, elle aussi écrasée par le poids d’un quotidien pesant.
Ils servent la cause des Restos
Dans ce quartier populaire ouvrier peuplé d’immigrés, parmi les plus pauvres de France, la mère de famille isolée est un profil répandu. Farida est l’un de ces visages. Après une séparation, elle s’est retrouvée sans travail, avec le seul RSA pour nourrir ses deux enfants. Dans cette atmosphère très majoritairement féminine, l’ambiance est à la bonne humeur, malgré l’attente et les ruptures de stock.
« Quel que soit ce qu’ils nous donnent, on est contents. S’il y a, très bien, s’il n’y a pas, on est contents quand même », relativise Wahiba avec le sourire. « On distribue les œufs, le lait, les sardines… et la bonne humeur ! Ça, on donne ! » renchérit Marie-France, jeune retraitée du commerce, dont c’est le premier jour en tant que bénévole. Comme elle, ces bonnes âmes sont souvent des retraités. « On peine à recruter les plus jeunes et les actifs », regrette le président de l’association, Olivier Berthe.
Certains trouvent tout de même le temps d’en consacrer aux autres, comme Cécilia, qui tient le stand des pâtisseries. Cette étudiante en droit de 19 ans savait que le centre avait besoin de bras. Sa mère, bénévole de longue date, lui a montré le chemin.
Ils sont 69 200 en France à servir la cause des Restos, selon les derniers chiffres. « La principale force sur laquelle repose notre action », reconnaît Olivier Berthe.
AFP/A.P