« Capitani », série policière made in Luxembourg créée par Thierry Faber, réalisée par Christophe Wagner et interprétée par la crème des comédiens luxembourgophones, Luc Schiltz en tête, débarque mardi sur les écrans télé. Et c’est très bien fait !
Dans les bois du sud du pays, près d’une friche sidérurgique, un homme surveille de loin, avec ses jumelles, les agissements des policiers en contrebas. Tout aussi discrètement, il quitte les lieux, roule une demi-heure et se rend à Manscheid, commune du nord du Grand-Duché. C’est comme ça que commence le premier épisode de Capitani, la nouvelle série imaginée par Thierry Faber et réalisée par Christophe Wagner que le public pourra découvrir mardi prochain sur RTL.
Une fois sur place, toujours en planque dans sa voiture, l’homme voit passer un homme au comportement étrange : «Le miroir est cassé», ne cesse-t-il de répéter. Le portable de l’homme dans la voiture sonne. «Capitani, police judiciaire», apprend-on. Première surprise. La seconde ne tardera pas à arriver. On lui annonce un meurtre d’une ado et la disparition de la jumelle de la défunte, justement à Manscheid. C’est son jour de repos. Mais comme il est sur place, il veut bien mener l’enquête.
On est le 7 juillet. Sur place, il fera la connaissance du duo de flics locaux : Joe Mores, policier bas-de-plafond, mais aussi Elsa Ley, fliquette intelligente et volontaire qui deviendra rapidement sa partenaire sur ce cas. Et il faut dire qu’ils font la paire, elle la fille du Nord, lui le gars de la Minett, elle ouverte et aimable, lui misanthrope au passé trouble… Les deux vont tout faire pour découvrir l’assassin de Jenny Engel, retrouvée morte au pied d’une falaise connue dans la région en tant que «rocher des pétards» où les jeunes aiment se rendre pour boire et fumer, et aussi pour retrouver sa jumelle, Tanja.
«On joue avec les clichés»
Mais rapidement, on sent que de lourds secrets se cachent derrière les murs de chaque maison du village. Du coup, malgré une union de façade, tout le monde s’épie et semble coupable. «Tout le monde ment, même les flics», s’énervera Capitani.
Voilà de quoi lancer une série policière haletante, qui plus est agrémentée d’une sauce grand-ducale pas du tout désagréable. Les gars du Nord parlent de ceux de la Ville comme s’ils étaient des étrangers, ceux de la Ville méprisent ceux du Nord, etc. Et dans le Nord, bien plus que dans la capitale, l’église et son prêtre semblent toujours bien en place au milieu du village. «On joue avec ces clichés, avec ces préjugés qu’on a en nous, qu’on le veuille ou non», explique le scénariste Thierry Faber, qui précise : «En tant qu’auteur, je ne dis pas que c’est juste, mais il y a des gens qui le pensent et qui le disent.»
Pour la suite, chaque épisode de 26 minutes racontera une journée de l’enquête. Le 8 juillet pour le deuxième épisode; le 9 pour le troisième, etc. Et les créateurs de la série jouent avec toutes les possibilités qu’un récit de près de 6 heures leur offre. Les personnages sont fouillés en profondeur, idem en ce qui concerne leurs relations. Et chaque épisode se termine par un twist inattendu et un cliffhanger.
Pour l’heure, seuls les trois premiers épisodes ont été montrés, d’abord à la presse, puis au public lors d’une avant-première au cinéma. Et franchement, on a hâte de connaître la suite. L’histoire est prenante, les personnages attachants, l’image travaillée jusque dans le détail, le casting de qualité. Pas mal du tout pour un «budget rikiki» de 2,5 millions, s’accorde à dire toute l’équipe.
La série est entièrement tournée en luxembourgeois – les non-Luxembourgeois sont d’ailleurs presque totalement absents du récit –, mais elle est sous-titrée en français et anglais. Histoire de toucher, espère le producteur Claude Waringo, également les résidents non luxembourgophones, et éventuellement, ensuite, vendre Capitani au-delà de nos frontières. En attendant, pourquoi pas, une hypothétique saison deux!
Pablo Chimienti