Jamais Titeuf, le gamin le plus célèbre de la BD française, n’avait produit cet effet glaçant. Sur son blog, le dessinateur suisse Zep a imaginé mercredi son héros en petit réfugié pris dans la tourmente de la guerre.
Composée de 42 vignettes, la planche intitulée «Mi petit, mi grand» (ci-dessous) commence comme une classique aventure de Titeuf, sauf que rien ne se passe comme prévu.
Sur le premier dessin, le garçon à la houppette est tranquillement chez lui. Dans la salle de bain, son père lui demande de se dépêcher de lacer ses chaussures pour aller à l’école retrouver les copains. C’est un matin comme les autres.
Tout bascule dès la deuxième vignette. Une bombe explose, le père de Titeuf gît sous les décombres. La suite montre un Titeuf pris de panique fuyant de façon éperdue une ville devenue un champ de bataille. Son copain Hugo est sur la chaussée, le corps criblé de balles, son meilleur ami Manu est abattu devant ses yeux par un sniper.
L’autocar où il a pris place avec son institutrice saute sur une mine. La maîtresse est tuée. Elle aura eu juste le temps de dire: «c’est la guerre les enfants» sans pouvoir répondre à la question de Titeuf: «pourquoi?». On apprend que les immeubles de Nadia et Ramatou, les «amoureuses de Titeuf», ont été bombardés.
Avec Dumbo, une petite fille, il erre la faim et la peur au ventre, parvient à se cacher dans une forêt avant d’arriver à une frontière… où une haute barrière et des barbelés les empêchent de passer. Sur le dernier dessin, un carré noir, il crie «au secours!».
La planche de Zep est publiée alors que la France accueille mercredi un premier groupe d’environ 200 réfugiés syriens en provenance d’Allemagne, sur les 24.000 attendus. Les dessins du blog illustré de Zep, «What a wonderful world», doivent sortir en album chez l’éditeur Delcourt cet automne.
AFP / S.A.