Prince, que l’on aime ou pas ses productions ultraléchées (trop?) et pléthoriques, ses tenues excentriques, son arrogance, son ambition et ses caprices, restera un musicien rare, qui a traversé les décennies comme dans un souffle, sans, semble-t-il, jamais se poser.
Jeudi, c’est donc dans ses studios d’enregistrement – son nid – de Paisley Park, dans le Minnesota (États-Unis) que ce génie a rendu l’âme. Logique implacable pour cet homme qui s’épanouissait dans l’ombre, derrière les machines, entretenant cette fameuse rumeur de très nombreuses compositions dormant dans un coffre-fort… Un vrai boulimique de la musique, qui n’a finalement jamais trouvé de système pouvant supporter son ardeur au travail, même si en ces temps modernes, le net lui allait bien, reconnaissant qu’il «lui donnait plus de liberté artistique».
Ça n’a pas toujours été le cas. Déjà à 16 ans, Rogers Nelson – de son vrai nom – composait cinq titres par jour. À 20 ans, pour For You (1978), son premier album, il joue seul… de 27 instruments! Alors que sur scène, il se lâche et choque avec ses slips en peau de zèbre, ses hauts talons et ses postures pour le moins érotiques; en compagnie de ses musiciens, il crée, encore et encore. Parfois jusqu’à 20 heures par jour, comme au début des années 80, alors que le public découvre doucement cet étrange petit gars.
Même le succès ne le ralentit pas : alors que Purple Rain s’arrache (11 millions d’exemplaires vendus rien qu’aux États-Unis), il ne profite pas des lauriers et sort Around the World in a Day … dix mois après (avril 85). Et quand son faux rival Michael Jackson est prêt à sortir son Bad , à grand coup de promotion, lui réplique avec The Black Album by Somebody… qu’il détruira après que la Warner eut vendu la mèche – il reste d’ailleurs l’un des albums les plus piratés de l’histoire de la musique.
Des comportements et une volonté de contrôle qui va esquinter plus d’un label, agent, tourneur ou collaborateur… mais qui va faire de lui un monstre imprévisible – capable d’improviser un concert dans un café en pleine tournée, de créer un groupe d’un claquement de doigt et d’offrir une œuvre défiant toute comparaison – si appréciable, finalement, dans une industrie musicale ultraformatée.
Grégory Cimatti
Prince – I Wanna Be Your Lover (Official Video) par Prince-Official
Prince & The Revolution – Kiss par planetvideos