La confusion des enveloppes pour la remise du prix du meilleur film, dimanche soir, est déjà considérée comme le moment le plus embarrassant de l’histoire des Oscars.
Mais certains critiques se sont désolés que cette erreur ait détourné l’attention d’autres victoires ou déceptions tout aussi spectaculaires de la soirée.
Voici cinq événements à retenir de la 89e cérémonie des Oscars :
Diversité à l’honneur
La polémique sur le manque de diversité des Oscars avait dominé l’édition 2016 – deuxième année consécutive où aucun acteur issu de minorités n’avait été nommé -, ce qui avait généré le hashtag #OscarsSoWhite. Mais cette fois «Moonlight» de Barry Jenkins s’est imposé avec un portrait remarquable de la vie des Noirs américains. Les acteurs noirs ont cumulé six nominations, et deux d’entre eux ont été primés. Il y a eu aussi la nomination de trois documentaires portant sur la communauté afro-américaine, un Oscar de la meilleure adaptation attribué à Barry Jenkins et Tarell McCraney, et un Oscar du meilleur film d’animation pour Zootopie, une allégorie sur les relations raciales.
Autre clin d’oeil à la diversité, Katherine Johnson, la mathématicienne noire de la Nasa incarnée par Taraji P. Henson dans «Les Figures de l’Ombre», a rejoint l’actrice sur scène pour remettre l’Oscar du meilleur documentaire à «O.J.: Made in America». En outre, l’acteur britannique d’origine indienne Dev Patel avait été nommé dans la catégorie du meilleur second rôle, tandis que le documentaire syrien «The White Helmets» et le film «Le Client» de l’Iranien Asghar Farhadi, représentaient les talents des cinéastes du Moyen-Orient.
Faux-pas des hommages
D’autres gaffes ont marqué la séquence des hommages aux personnalités du cinéma disparues au cours de l’année. La costumière Janet Patterson, quatre fois nommées aux Oscars et décédée en octobre, a été honorée avec l’image de la productrice australienne Jan Chapman, toujours très vivante. L’acteur et réalisateur Bill Paxton, mort à l’âge de 61 ans la veille de la cérémonie, a lui été oublié de cette séquence commémorative.
Jennifer Aniston, qui présentait la séquence a rendu un hommage appuyé à l’acteur, mais de nombreux téléspectateurs se demandaient sur Twitter pourquoi les producteurs de la soirée n’avaient pas pris le temps d’inclure Bill Paxton.
Grand Chelem
Lin-Manuel Miranda était tout près de remporter le grand chelem du prestigieux concours Egot – Emmy Awards, Grammys, Oscars et Tony Awards – pour son travail dans «Moana» mais il a perdu dans la catégorie chanson originale face à la chanson «City of Stars» pour «La La Land», écrite par Justin Hurwitz. En revanche, Viola Davis – Oscar du meilleur second rôle féminin dans «Fences» – n’a plus qu’à obtenir un Grammy pour entrer dans le club exclusif des Egot. Seuls 12 artistes ont rejoint le club des Egot, parmi lesquels Audrey Hepburn, John Gielgud, Whoopi Goldberg et Mel Brooks.
Surprises
L’attribution de l’Oscar du meilleur film à «Moonlight» – en dehors de la gaffe de son annonce – a suscité un énorme choc car cette catégorie était considérée comme l’une des plus sûres pour «La La Land». Les prédictions donnaient à «La La Land» au moins neuf Oscars, mais la comédie musicale n’a pas réalisé une bonne soirée, devancée également pour le meilleur montage et le meilleur mixage. Ce dernier est revenu à Kevin O’Connell pour son travail sur le film de guerre «Hacksaw Ridge», mettant fin à une série d’échecs avec 20 nominations infructueuses.
Mauvaise soirée également pour le très remarqué film extraterrestre «Premier contact», qui a remporté une seule statuette pour le montage sonore, malgré huit nominations. La plus grande déception a été sans doute pour la star du film, Amy Adams. En dépit d’une performance très remarquée et d’autres éloges pour son rôle dans «Nocturnal Animals», l’actrice qui a raté la récompense à cinq reprises devra encore attendre. Mauvaise pioche également pour Annette Bening, qui n’a pas été reconnue pour son rôle dans «20th Century Women».
Soirée politique
Si ce n’était le fiasco de dernière minute, la 89e cérémonie des Oscars auraient été vue comme une soirée très politique. L’Iranien Asghar Farhadi, réalisateur du meilleur film de langue étrangère avec «Le Client», n’est pas venu à la cérémonie pour protester contre le décret anti-immigration de Donald Trump, qui ferme temporairement les frontières des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans, dont l’Iran.
«Mon absence est une marque de respect pour les gens de mon pays et ceux des six autres nations qui ont été bafoués par la loi inhumaine qui interdit l’entrée des immigrés aux États-Unis», a-t-il déclaré dans un communiqué. Les rubans bleus de la puissance organisation de défense des libertés individuelles Aclu étaient l’accessoire de mode favori des participants à la soirée. Et l’hôte Jimmy Kimmel a abondé de plaisanteries, allant jusqu’à interpeller le président Donald Trump sur Twitter. «Je tiens à remercier le président Trump, rappelez-vous l’an dernier quand on parlait des Oscars racistes? Grâce à lui, c’est fini», s’est-il moqué.
Le président américain s’est lui-même exprimé lundi sur les Oscars, attribuant le fiasco final à trop d’accent mis sur la politique. «Ils se sont tellement focalisés sur la politique qu’ils ne maîtrisaient plus les choses à la fin», a-t-il déclaré au site d’extrême droite Breibart News.
Le Quotidien/AFP