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Open d’Australie : 50 ans après ses exploits, le cas Court hante Melbourne


Les positions tranchées de Margaret Court suscitent la gêne, pour ne pas dire plus dans le milieu du tennis. (Photo : AFP)

 Les polémiques suscitées par ses positions conservatrices sont à la mesure de son palmarès : Margaret Court embarrasse les organisateurs de l’Open d’Australie, 50 ans après avoir remporté les quatre tournois du Grand Chelem en une saison, une performance égalée quatre fois seulement.

Si le talent de l’Australienne, lauréate de 24 tournois majeurs (un record qui résiste depuis 1973), ne suscite aucun débat, ses prises de position sont davantage controversées. À en croire la pasteure aujourd’hui âgée de 77 ans, le gouvernement et les médias de l’île-continent seraient manipulés par le diable, tandis que le monde du tennis serait «truffé de lesbiennes». Des points de vue «qui ne correspondent pas à nos valeurs d’égalité, de diversité et d’inclusion», s’est distanciée la fédération australienne, Tennis Australia, dans un communiqué publié fin novembre. «Nous ne partageons pas les vues de Margaret, qui ont rabaissé et blessé de nombreux membres de notre communauté ces dernières années», a ajouté l’organisateur du premier Grand Chelem de l’année.

Mais après avoir fêté chaleureusement Rod Laver, qui célébrait en 2019 les 50 ans de son propre quadruplé en Majeurs, Tennis Australia s’est retrouvé dans une position délicate vis-à-vis de Court, 11 fois victorieuse à Melbourne. Pour l’édition 2020, l’Australienne, qui n’est plus venue au Melbourne Park depuis 2017, a donc été conviée en tant qu’«invitée d’honneur», et participera à «plusieurs évènements significatifs pendant le tournoi». Un minidocumentaire rétrospectif, tourné par Tennis Australia, sera en outre diffusé pendant la quinzaine. La décision ne ravira pas ses illustres détracteurs, à l’instar de sa compatriote Billie Jean King, qui a demandé que la Margaret Court Arena, un des principaux courts du Melbourne Park, soit renommé. Signe de la gêne qu’elle suscite, le patron de Tennis Australia, Craig Tiley, a dû préciser début janvier que Margaret Court ne remettrait pas le trophée à la lauréate du tournoi.

«Margaret Court se cache derrière sa Bible»

Martina Navratilova, qui compte 18 titres du Grand Chelem à son palmarès, s’est également érigée en fervente contemptrice de sa devancière. «Honte à Margaret», a ainsi tweeté l’Américaine le mois dernier, en réponse à la diffusion d’une vidéo dans laquelle Court s’en prenait aux athlètes et aux enfants transgenres. Les propos de la légende australienne se sont ajoutés à de précédentes déclarations controversées. Court a affirmé que les enfants transgenres étaient le résultat d’un complot de type nazi, et qu’elle boycotterait la compagnie aérienne nationale, Qantas, après que son patron s’était exprimé en faveur du mariage gay, légalisé en 2017 dans le pays. «Margaret Court se cache derrière sa Bible», a tempêté Navratilova, très impliquée dans la lutte pour les droits des homosexuels. «Il n’est pas nécessaire de changer ou de réécrire l’histoire des performances de qui que ce soit, mais on ne doit pas les célébrer» pour autant, a-t-elle encore jugé.

Toutefois, les polémiques autour des positions de Margaret Court reflètent des clivages vivaces en Australie. En 2019, elle avait publiquement soutenu la star du rugby Israel Folau, qui avait fait scandale en clamant sur les réseaux sociaux que «l’enfer» attendait les homosexuels. L’international australien a été limogé par Rugby Australia, la fédération de son pays, à la suite de ses propos homophobes. «Je comprends pourquoi Israel a fait cela : il veut que tout le monde connaisse le Christ», a déclaré l’ex-tenniswoman à un journal australien. «Ça repose sur un grand amour pour la nation», a-t-elle estimé, déplorant que Folau soit selon elle «persécuté».

AFP